Après une entrevue décevante à Matignon fin janvier, les responsables nationalistes de Corse espèrent recevoir une réponse d'Emmanuel Macron à leurs revendications lors de son déplacement de deux jours sur l'île.

Il faut dire que depuis quelques semaines déjà, les relations entre l'Exécutif et la Corse sont pour le moins tendues. La faute au refus clair du Gouvernement de céder face à la montée de revendications politiques portées depuis décembre dernier par un collège de nationalistes corses. Samedi, une forte manifestation prenait même place à Ajaccio pour tenter de faire pression sur le Chef de l'État et le ramener à la table des négociations.

Un bras de fer pacifique sans volonté de nuire à en croire le président nationaliste de la Collectivité unique de Corse Gilles Simeoni. Tous sont à présent suspendus à la réponse du président de la République qui devrait commencer à la faire connaître dès ce soir lors d'une entrevue avec les deux hommes forts de l'île qui promet déjà d'être électrique tant le sujet est sensible.

Macron entre commémoration et rendez-vous politique

Sa visite en Corse, Emmanuel Macron ne souhaite pas lui donner les allures du passage d'un président étranger sur une terre dont il ne connaîtrait rien à priori. S'il entend passer la matinée de mardi dans le strict hommage à Claude Erignac, le préfet assassiné il y a 20 ans, le Chef de l'Etat sait bien qu'il devrait sortir son silence pour enfin répondre aux attentes des nationalistes corses.

En effet, s'il est attendu dans l'après-midi chez le maire LR d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, qui lui dresse des éloges à peine voilées, le président Macron rencontrera en soirée Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse. Ce sont eux qui portent depuis le tout début de la crise les revendications des nationalistes, et il faut dire qu'ils attendent avec impatience cet entretien alors que le fondateur d'En Marche ne s'est plus exprimé sur le sujet depuis la fin de la campagne présidentielle.

Des sujets brûlants posés sur la table

Les revendications de la majorité nationaliste de l'île sont nombreuses et pour le moins délicates. Certains espèrent ainsi les voir se greffer au projet de Réforme constitutionnelle négocié par Emmanuel Macron avec le Sénat depuis le début de l'année. Ce sont donc, une "mention spécifique dans la Constitution", mais aussi une plus grande autonomie pour l'île notamment sur le plan fiscal et social comme d'autres territoires tels que la Martinique.

L'officialisation de la langue corse qui donnerait directement lieu au bilinguisme dans les services publics, le statut de résident pour les personnes vivant sur l'île depuis de nombreuses années, le rapprochement de prisonniers corses afin qu'il purge leur peine en Corse ou encore l'amnistie des détenus (onze) considérés comme "prisonniers politiques", voilà ce à quoi devra répondre le président Macron lors de son discours prévu dans l'après-midi de mercredi à Bastia.