ANALYSE POLITIQUE - Engagés dans un ultime bras de fer avec l'Exécutif avant le passage de la réforme ferroviaire au Sénat, les syndicats ont décidé de sortir les muscles ce lundi au travers d'une journée « sans train » et «sans cheminot », en plus d'une consultation à la SNCF sur le soutien apporté au projet du gouvernement. Et déjà, la direction commence à déplorer les excès.
Guillaume Pepy le dit depuis quelques jours, il voit d'un mauvais œil les actions que tentent d'entreprendre les syndicats pour inverser le rapport de force avec le gouvernement, alors que l'ouverture des négociations a été acté. Il avait déjà estimé en fin mars inapproprié le rythme de grève perlée mis en place par les cheminots, pour impacter les usagers de l'entreprise.
Le dirigeant de la SNCF, qui souhaitait une sortie de crise d'ici le 29 mai prochain, se dit inquiet de ce que l'intersyndicale espère tirer de cette nouvelle étape de la confrontation. Un moyen peut-être de redonner du souffle à un mouvement qui semble avoir épuisé son crédit auprès de l'opinion.
Les syndicats rejettent la faute sur l'État
À la CFDT cheminots, ainsi qu'à l'UNSA ferroviaire, on assume clairement le durcissement du ton initié par l'intersyndicale ce lundi, malgré la mise en avant d'une position réformatrice. Objectif affiché : reprendre du poids face à l'action de l'Exécutif alors que s'installe peu à peu chez l'ensemble des médias la douce musique de l'essoufflement du mouvement de contestation des cheminots.
Pour la CGT, qui appelle toujours une convergence des luttes contre l'État, le refus de réforme est là et il est question de le faire savoir à Emmanuel Macron. Une vaste opération de communication poussée à l'extrême qui pourrait bien s'avérer désastreuse en cas d'absence de soutien.
Le gouvernement ira jusqu'au bout
Dans tous les cas, du côté de la majorité comme du gouvernement, on rappelle depuis de longues semaines la nécessité de la réforme qui vise avant tout à améliorer le service public ferroviaire et à éviter à l'État d'engloutir 3 milliards d'euros chaque année dans le rail. Pas question de faire marche arrière, même si des concessions sont faites afin de finaliser le projet.
Pas de privatisation à l'ordre du jour donc, une reprise de la dette dès janvier 2020, un sac à doc social pour les cheminots, mais aussi une collection collective qui sera négociée avant 2020. Des engagements que les syndicats entendent faire respecter par la force de la pression de la rue. Encore, faudra-t-il éviter l'exaspération grandissante de l'opinion.