Alors que la campagne pour les européennes reprenait lundi ses droits partout en France, Mediapart révélait que Nathalie Loiseau, la tête de liste de La République En Marche pour le scrutin, s'était inscrite en 1984 sur une liste de l’Union des étudiants de droite (UED). Problème, le syndicat est connu pour avoir baigné dans un courant de pensées d'extrême-droite. Une situation qui n'en finit de susciter les remous au sein de la classe politique. L'ex-ministre des Affaires européennes préfère, elle, plaider l'erreur de jeunesse, et entend faire barrage à l'avancée de la formation de Marine Le Pen au Parlement européen.

Il faut dire que la Marcheuse n'est pas le premier politique à devoir composer avec un passé très à l'opposé des convictions défendues par son parti. Pour mieux le comprendre, l'essayiste et politologue Fiammetta Venner a tenté d'en donner un léger aperçu lors d'un entretien accordé au quotidien 20 Minutes et publié mardi. La femme de 47 ans travaille depuis 1991 sur les sujets de l'extrémisme politique, et a déjà eu à voir ce genre de cas dans un passé pas si lointain. Tout particulièrement des personnes qui se sont engagées dans l'extrême au courant de leur jeunesse, avant de s'assagir et même intégrer un exécutif.

Un cas pas vraiment exceptionnel

A titre d'exemple, le nom d'Alain Madelin fait figure de cas d'école.

Il fait partie des personnalités politiques récupérées dans les années 80 par Jacques Chirac, alors Premier ministre de François Mittérand, afin de former son gouvernement. Nul n'ignore qu'il fut à l'origine du mouvement étudiant extrémiste Occident, sans que cela l'empêche d'être, à plusieurs reprises, nommé entre 1980 et l'an 2000.

La situation est même plus fréquente qu'il n'y paraît puisque les deux extrêmes ont souvent nourri en politique des partis du centre.

Mais pour sûr, Nathalie Loiseau se défend d'avoir jamais eu une quelconque position extrémiste et fait valoir une simple erreur de jeunesse. Elle fait donc chambre à part, puisqu'elle ne serait pas passée par un processus de normalisation du discours.

Une ligne de défense qui pourrait bien servir à la candidate dans son combat contre Mme Le Pen, étant donné qu'elle pourra se prévaloir d'être sortie d'un mouvement qui portait des idées à combattre. Une idéologie face à laquelle la fidèle d'Emmanuel Macron entend déployer toutes ses forces.

Une dédiabolisation vouée à l'échec

Pour justifier l'ampleur prise par la polémique, Mme Venner fait valoir que le processus de dédiabolisation n'a jamais vraiment marché en France. Cela a été observé avec le FN de Marine Le Pen devenu Rassemblement national, avec l'espoir de rendre la formation un peu plus acceptable aux yeux de l'opinion. La tendance se confirme donc par les nombreuses réactions politiques.

Quelques soient les efforts entrepris, le passage par l’extrême droite n'est pas encore jugé comme quelque chose d'anodin.

Aucun doute donc que la marque désormais apposée sur Nathalie Loiseau ne pourra plus lui être retirée. Tout comme personne n’a jamais perdu de vue que Monsieur Madelin fut un membre d’Occident jusqu'à longtemps après ses différents ministères, l'ancienne diplomate ne tombera plus dans l'oubli. Une situation quelque peu embêtante pour les Marcheurs qui se le feront souvent rappeler à l'occasion des débats à avenir avec l’extrême droite. Il ne reste plus à espérer, pour la femme de 54 ans, qu'une autre polémique vienne lui donner du répit.