La campagne européenne a repris ses droits lundi après une semaine de trêve sur fond de désolation après l'incendie de Notre-Dame de Paris. Chaque parti tente désormais de bousculer du mieux possible son agenda afin d'imprimer au plus vite dans l'opinion, alors qu'il ne reste que quatre semaines avant la tenue du scrutin. Du côté des Républicains où on se ravit de la belle dynamique dans les récentes enquêtes d'opinions, l'unité est plus que jamais le mot d'ordre. Pour son premier meeting installé mardi soir à Caen, François-Xavier Bellamy a ainsi pu compter sur la présence du patron LR Laurent Wauquiez, mais aussi sur deux poids lourds de la droite et du centre, Gérard Larcher et Hervé Morin.
Il faut dire que la photo de famille était tout particulièrement attendue. Le moment pour le président du parti historique de la droite de souligner que cet élan d'unité montrait bien que sa liste avait encore vocation à faire bouger les choses dans la course pour le Parlement européen. Il n'aura d'ailleurs pas été contredit par le président du Sénat, face à lui, et encore moins par le centriste Hervé Morin accompagné de l'ancien maire du Havre et mentor d'Edouard Philippe, Antoine Rufenacht. Et que dire des 800 sympathisants venus témoigner leur ardent soutien à une campagne pourtant débutée sous de mauvais auspices. Celle-ci n'offrira même que peu d'occasions de jouer les trouble-fêtes.
Se poser en alternative à Macron
Comme à son habitude, Gérard Larcher s'est voulu grave dans sa prise de parole en préambule. Loin des réticences affichées sur le profil de la tête de liste LR, le politicien de 69 ans s'est fait le chantre de la concorde, moquant au passage la cohérence de la liste présidentielle.
C'est sur le même ton qu'Hervé Morin viendra à son tour s'exprimer, non sans un tacle en direction de ses ex camarades de l’UDI.
Il souligne que, loin de la posture de Jean-Christophe Lagarde parti seul en bataille, centristes et LR partagent la même majorité au sein des conseils de régions, de départements, et même de communes. Il comprend donc mal pourquoi cela serait différent aux européennes, d'autant qu'il espère oeuvrer à une alternative à Emmanuel Macron.
Jouer la carte identitaire et civilisationnelle
Parmi les modérés, certains comme le maire de Caen, Joël Bruneau, ont préféré inviter les Français à ne pas verser dans le discours selon lequel tous les maux proviendraient de Bruxelles, alors qu'une grande partie est à imputer aux autorités françaises ! Une partition dont se sont passés François-Xavier Bellamy et Laurent Waquiez, avec ce dernier qui appelait la droite à se bouger pour ne pas condamner les électeurs à choisir entre le chaos et la désillusion.
Pour réussir leur pari, les deux hommes jouent l'identité et la civilisation, et comptent les imposer en trouble-fêtes dans le face-à-face entre les Marcheurs qui se revendiquent "progressistes" et les ex-Frontistes jugés "populistes".
Pour le candidat LR aux européennes, l’Europe est une organisation à prendre à part. Il n'hésite donc pas à moquer le discours d’Emmanuel Macron aux Bernardins où il assumait préférer la sève aux racines.