Il n'y aura finalement pas de passage en force avec l'application StopCovid actuellement développée par le gouvernement dans la lutte contre le Coronavirus. Face aux inquiétudes exprimées ces derniers jours par l'opposition, Edouard Philippe a indiqué devant les députés ce mardi 28 avril que "le débat est prématuré", alors que l'outil numérique n'est jusqu'à présent pas fonctionnel. Depuis l'Assemblée où il présentait le plan de déconfinement de l'exécutif, le Premier ministre a annoncé que le texte l'encadrant devra faire l'objet d'un vote spécifique.

Des inquiétudes qui comptent

Pour rappel, le projet de traçage des appareils mobiles via StopCovid est censé apporter une aide "complémentaire" dans le suivi des personnes infectées. L'application permettrait en effet d'informer et de retrouver beaucoup plus facilement des personnes ayant été en contact avec un cas confirmé, dans des cadres aussi anodins que les transports en commun. Seul problème, les doutes qui subsistent sur la possibilité pour l'Etat d'avoir accès aux données personnelles des utilisateurs indispensables à la mise en oeuvre pratique d'un tel procédé.

Et autant dire que les garanties jusqu'ici exposées par le gouvernement n'auront pas fini de rassurer une opposition très critique sur la gestion de crise d'Emmanuel Macron.

Alors pour calmer les tensions, Edouard Philippe a annoncé mardi qu'un débat spécifique serait ouvert au Parlement lorsque l'application fonctionnera, et qu'un "vote spécifique" s'y rapportant sera organisé. Question ici de clairement prendre en compte les inquiétudes émises par les uns et les autres sur un dossier jugé hautement sensible quant aux libertés publiques.

Les libertés publiques menacées ?

Dans son discours devant les élus, le locataire de Matignon a d'ailleurs estimé que le débat autour des questions de libertés publiques lui paraissait fondé. Il souhaite que toutes les interrogations suscitées par la mise en oeuvre de l'application puissent être posées sur la table et débattues, alors que des voix s'élèvent dans la majorité pour la critiquer.

Le nouveau positionnement de l'exécutif n'a en tout cas pas manqué de faire sourire à gauche où on dénonce depuis plusieurs semaines les risques d'abus véhiculés par une telle plateforme.

La route pour un lancement de StopCovid avant le 11 mai s'annonce donc encore longue et tumultueuse, même si l'application a reçu de nombreux soutiens. Dans les colonnes d'un article du Monde paru le 25 avril, une bonne soixantaine de scientifiques avaient défendu l'utilisation des outils numériques dans le sillage de l'avis favorable donné par le Conseil scientifique dès le 20 avril. Le Conseil national de l’ordre des médecins et l'Académie de médecine ont quant à eux apporté un soutien au projet à la condition de "solides garanties".