En décembre dernier, la Conférence nationale sur l'évaluation des élèves recommandait la suppression des notes jusqu'à la sixième. Cependant, Najet Vallaud-Belkacem écartant la question, le débat est rapidement remis sous terre, comme à chaque fois que le sujet est relancé. La tradition française a voulu que nous passions tous par la note à l'école, ainsi la réaction de la plupart des français face au débat est souvent réduite à "nous ne pouvons pas nous passer des notes". Mais on ne songe peut-être pas assez à se demander si la note à l'école est vraiment fiable.

Depuis le début de l'institution scolaire, l'enseignant doit évaluer la compétence de ses élèves. Actuellement en France, la notation à l'école est chiffrée sur un barème de vingt points. Certains pays ont d'autres barèmes de notation. L'Allemagne par exemple, évalue ses élèves sur une échelle de un à six, où six est la plus mauvaise note, tandis qu'en Suisse, sur cette même échelle, six correspond à la meilleure note. Le système de notation est donc différent pour chaque pays, mais le rôle de la note est le même pour tous : évaluer les élèves. Depuis plusieurs années, le sujet des notes fâche et sa réelle utilité est très contestée. Pourquoi la note devrait-elle être réformée ? En quoi reste-elle essentielle ? Quelles solutions pour remédier à ses inconvénients ?

Les professeurs sont influencés, ce qui entraîne des inégalités entre les élèves

Sans le savoir, lorsque les professeurs évaluent leurs élèves, ils sont influencés par plusieurs facteurs qui orientent les notes attribuées. On appelle « effet de halo » l'interprétation et la perception sélective d'informations basées sur une première impression. Les enseignants peuvent être influencés par le comportement, le sexe, voire l'origine sociale de leurs élèves. Le comportement en classe, l'ordre de correction et le niveau global de la classe contribuent également à la notation des élèves.

André Antibi a démontré que « sous la pression de la société, les professeurs se sentent obligés de mettre un certain nombre de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau, pour être crédibles » (La Constante Macabre ou Comment a-t-on découragé des générations d'élèves ?). Ainsi, les enseignants sont poussés par la société à « équilibrer » les notes qu'ils donnent, car une trop grande quantité de bonnes notes serait considérées comme « anormale » et ils risquent d'être vus comme de « mauvais professeurs ». Ce phénomène est appelé « constante macabre ». Non seulement certains élèves se retrouvent injustement en situation d'échec, mais les professeurs eux aussi sont victimes de cette constante, puisqu'ils sont « écrasés par une pression énorme de la société ».

La notation peut être vue comme un moyen de pression

La note, vue comme une sanction, peut provoquer le découragement des élèves. L'accumulation des mauvaises notes exerce une pression sur l'élève et une perte de confiance. Pourtant, si un élève a une mauvaise note, cela ne signifie pas qu'il n'a pas progressé. La note est souvent vue comme une sanction, alors qu'elle devrait être un facteur d'encouragement à s'améliorer. Au contraire, notre système d'évaluation est démotivant.

La notation est nécessaire pour évaluer le niveau des élèves

80 % des français désirent que les notes subsistent dans l'éducation. Celles-ci sont nécessaires pour évaluer le niveau de chaque élève. D'après le journal Sciences Humaines, les parents sont rassurés par ce système puisqu'ils "se réfèrent logiquement au système de notation qu'ils ont eux-mêmes connu" pendant leur propre scolarité. En effet, les notes reflètent le niveau de l'élève car elles permettent aux parents de s'assurer que leur enfant a bien assimilé son cour.

Le système de notation est aussi essentiel pour l'élève car il ne peut pas prendre conscience de ses acquis ou de ses difficultés tant qu'il n'a pas été soumis à des évaluations concrètes. En effet, ce système permet à l'élève de valider ses compétences.

Enfin, l'évaluation par une note est avant tout un moyen de progresser qui a pour but d'encourager les élèves et non le contraire. 

Faut-il un autre système d'évaluation ?

D'après PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), la Finlande possède un système de notation des plus efficaces en matière de résultats. En effet, les résultats scolaires sont « jugés exemplaires » dans ce pays. Tout se joue dès le primaire. De l'âge de 7 ans à 13 ans, les élèves sont évalués avec des appréciations et non par des notes. À partir de 11 ans minimum ou 15 ans maximum, l'enseignant commence à noter les élèves afin de les habituer. En outre, les classes finlandaises se constituent de petits groupes d'élèves. Ils sont entourés d'une équipe de professeur et d'assistants, solidaires et coopérant tous ensembles, dans une seule classe. En d'autres termes, les élèves finlandais sont très encadrés. D'ailleurs, pour faire évoluer le niveau des leurs élèves, les professeurs repèrent les erreurs de chacun et leur fixent des objectifs personnels.

Le système finlandais est l'un des plus avantageux de toute l'Europe. La France ne devrait-elle pas suivre cet exemple ?