Samedi 4 février 2017, la défense des droits des travailleurs immigrés s'appelant "sans-papiers" a tenu sa marche entre les mairies de Montreuil et de Rosny sous Bois, en Ile de France. Ces personnes sont parmi les plus vulnérables. Leurs revendications sont la régularisation de leur situation administrative, la fin du harcèlement policier, dénoncer la loi Cazeneuve rentrée en vigueur le 1 novembre 2016.
Les manifestants étaient un peu plus de trois centaines. Le CTSPV-94 était un des organisateurs. Les manifestants de la CNT ont participé. Les immigrés doivent de plus en plus traverser le harcèlement policier.
Les agents de police perpètrent systématiquement des contrôles d'identité au faciès discriminants. Un africain a 40% de chances de plus d'en subir un. Dès cette procédure d'harassement de contrôle d'identité, les problèmes graves commencent immédiatement contre les immigrés vulnérables.
Sans-papiers, ils peuvent être embarqués. Moussa [les prénoms ont été changés par sécurité] est du collectif Baras de Bagnolet. Il travaille dans le BTP, subissant les affres de l'économie souterraine en tant que travailleur clandestin. Il a accepté de témoigner. Son expérience est la suivante. "Une fois ça a été brutal. J'ai passé deux heures au commissariat en garde à vue". Les policiers en ont profité pour le menacer et l'interdire partiellement, injustement et arbitrairement du droit de circulation.
Moussa qui vient du Mali, où il a quatre enfants, explique. "Je n'ai pas le droit de me mettre devant un magasin pour demander un travail. Sinon je suis arrêté. Je ne peux pas chercher du travail. Je suis obligé de travailler en tant que maçon". En fait les policiers illégalement l'ont exclu de tout travail moins dur dans les magasins, en lui intimant l'ordre de ne jamais circuler devant l'un d'eux.
Il est définitivement enfermé dans le travail de force du BTP. Un de ses amis a directement été ramené en centre de rétention administrative, où il peut être détenu pendant un mois, sans véritable regard de la justice et droits humains. Aux interrogations questionnant ses motivations à venir en France et ses revendications, ses propos sont les suivants.
"La France est un pays de droits. Je suis venu en France parce que c'est un pays de droits. Je viens faire reconnaître mes droits. Les français sont venus dans nos pays [pour en faire] des colonies. Ils ont choisi nos dirigeants. Nos pays connaissent plein de problèmes" en conséquences. "Un de mes droits est de travailler. C'est la démocratie aussi. J'ai le droit de m'exprimer." Quelques minutes plus tard sur la route de Rosny, Amadou, la cinquantaine, sénégalais, exprime plus clairement les intentions de ces arguments. Il rappelle les droits des ressortissants du Commonwealth par exemple, ou les avantages relatifs des africains des pays anciennement colonisés par l'impérialisme portugais.
Collectivement, par la voix de leur porte parole une fois arrivés devant l'hôtel de ville de Rosny au terme de la marche de ce samedi, les travailleurs immigrés évoquent en quelques mots leur calvaire quotidien.
" Nous avons peur dès que nous voyons les policiers. Quand nous [en] voyons nous faisons des détours. Nous arrivons en retard au travail."
— CTSPV94 (@CTSPV_94) 24 janvier 2017
Dénoncer la loi Cazeneuve entrée en vigueur le 1 er novembre 2016
La loi Cazeneuve du 7 mars 2016 relative aux droits des étrangers est entrée en vigueur le 1er novembre 2016 . Elle rénove le droit du titre de séjour. En son article 9, qui ajoute l'article L. 313-5-1 au code des étrangers, elle statue que les conditions d'octroi du titre de séjour peuvent à nouveau être analysées le temps de sa durée entre deux et quatre ans et retiré si les conditions ne sont plus remplies. Malheureusement un titre de séjour peut être retiré à son détenteur s'il est licencié, ou s'il démissionne. Ce sont les conditions de pression dans le monde du travail et du harcèlement policier systématisé qui sont actées par cette loi.