Un samedi après-midi pourtant comme les autres, sur la place de la République, d'étranges manifestants déguisés en abeilles faisaient entendre leur voix entre les militants LGBT et les défenseurs de la Palestine libre. C'est l'ONG Idle No More France qui était l'organisatrice de la Marche Mondiale contre Bayer et monsanto à Paris ce samedi 20 mai. Partant de la place de la République, les quelques centaines de Manifestants se sont dirigés à travers les rues du 10° arrondissement vers la place de la Bataille de Stalingrad.

Pour la cinquième année consécutive, les militants écolo ou les simples citoyens se sont mobilisés pour dénoncer les abus sanitaire de l'industrie chimique appliquée à l'agroalimentaire.

Dans une démarche auto-gérée et non-violente, le mouvement mondial tente d'alarmer la population à propos de l'impact des pesticides sur les cultures et sur la santé des êtres vivants. Dans le viseur, ce sont des entreprises telles que Monsanto (Bayer-Monsanto), Dow Chemical, Syngenta, BASF, Dupont ou encore Limagrain. Aussi appelés les "Big Six", ils constituent les principaux acteurs de la vente de graines, de l'agrochimie et des biotechnologies. Ces Marches Mondiales ont pour objectif tout d'abord de sensibiliser les citoyens au danger de l'utilisation de ces produits, mais aussi de faire connaître les solutions de production alternatives. Idle No More appelle à une agriculture relocalisée et écologique, dans l'idée du commerce équitable afin de ne pas léser les producteurs.

L'ONG qui défend à l'origine le droit des peuples autochtones et la préservation de l'Environnement, agit en faveur d'un étiquetage plus exhaustif des produits, pour l'interdiction des pesticides et pour la promotion d'une alimentation saine dans la restauration publiques. Ces revendications se sont retrouvées sur les pancartes des manifestants comme "Mettons les OGM hors d'état de nuire", "Consommateurs pas cobayes" ou encore "Monsanto pille et tue les paysans, la planète...

et le peuple!" Le tout, accompagné d'abeilles, avec ou sans masque à gaz, dessinées par les manifestants.

La légende noire de Monsanto

Crée en 1901, l'entreprise produit initialement de la saccharine pour Coca-Cola, puis de la caféine et de la vanilline à partir de 1904. La firme se lance ensuite dans l'aspirine, le caoutchouc et les phosphates et, en partenariat avec l'armée américaine, dans l'uranium.

Monsanto s'intéresse à partir des années 1940 à la production d'herbicides et d'insecticides. Enfin, l'année 1960 marque un tournant pour l'entreprise qui, de l'industrie chimique, se reconvertit dans l'agrochimie et les biotechnologies.

Mais la firme s'entoure d'une réputation de magnat capitaliste à l'éthique déplorable, notamment à cause des molécules qu'elle produit. Outre les habituels agents chimiques nocifs tels que le PCB ou la dioxine, ses produits phares ont été à l'origine de nombreux procès et scandales. Dans les années 1960, l'entreprise produit intensément le fameux agent orange, largement utilisé par l'armée américaine durant la guerre du Vietnam et qui est à l'origine de cancers et de malformations, lui attirant un procès des vétérans américains.

Egalement, son célèbre herbicide globale, le Roundup, lui a valu de nombreuses condamnations à travers le monde pour mentions mensongères, car ses pubs affirmaient que le produit était bon pour l'environnement. D'autres scandales sont aussi attachés à son domaine des biotechnologies et notamment des OGM dont elle possède 90% de la production mondiale. C'est pour toutes ces raisons qu'un mouvement mondial s'est mis en marche contre les grands lobbys de l'agrochimie dont fait partie Monsanto, car ses pesticides par exemple, ont des effets néfastes sur la nature, comme la disparition des abeilles.