La diaspora africaine se définit consensuellement comme l’ensemble des personnes d’origine africaine ou de descendants d’Africains vivant hors du continent. L’on estime aujourd’hui la diaspora africaine à près de 150 millions d’âmes (#BAD), soit plus de 10 % de la population africaine vivant sur le continent. La majorité de la diaspora africaine vit sur le continent américain. En effet, plus de 100 millions vivent en Amérique latine, près de 40 millions en Amérique du Nord (États-Unis, Canada), et le reste essentiellement en Europe.
Une manne financière mal orientée
En 2014, les Africains de la diaspora ont transféré la bagatelle somme de 60 milliards de dollars vers le continent selon les statistiques publiées par la Banque Mondiale. Il est important de s’attarder quelque peu sur ce chiffre. À titre de comparaison, l’aide publique au développement s’élevait à seulement 56 milliards de dollars en 2014 pendant que les investissements directs étrangers (#IDE) sur le continent s’élevaient à 50 milliards la même année. C’est dire combien ces fonds sont importants, voire vitaux pour les économies des pays destinataires. Un exemple parmi les plus éloquents est le Cap-Vert dont les fonds reçus de la diaspora représentent chaque année plus de dix fois le montant des recettes d’exportation réalisées par ce pays.
Seulement, cette manne financière est généralement affectée aux besoins quotidiens, soins, santé, scolarité, logements… Elle n’est pas investie dans l’économie à travers la création d’entreprises ou encore le financement d’initiatives génératrices de revenus à la base. Une volonté politique pourrait pourtant contribuer à rendre cette importante manne financière plus profitable au continent.
En effet, quand on sait par exemple que ces fonds sont transférés pour la plus grande part via deux grosses multinationales de transferts d’argent: #Western Union et #Money Gram, et que le taux moyen de transfert sur le continent est de 14%, il serait opportun de créer une supra structure à l’échelle du continent pouvant faire concurrence à ces multinationales.
Par ailleurs, il est de notoriété publique que les taux pratiqués par ces multinationales sur le continent sont plus élevés que sur les autres continents. Les États africains pourraient à défaut de créer une structure concurrente user d’un lobbying, afin de prendre part à l’actionnariat de ces multinationales, ou tout au moins contraindre ces dernières à pratiquer des taux plus justes sur le continent.
Par ailleurs, ces fonds pourraient servir à financer les #start-ups sur le continent qui pour une grande part soufrent d’un manque de financement faute d’incubateurs ou d’investisseurs. Cela participerait à long terme à une contribution plus importante au capital économique par les nationaux réduisant ainsi la mainmise des capitaux étrangers sur nos économies.
Rien n’est nouveau sous le soleil dit-on. L’on pourrait s’inspirer des autres diasporas dont la diaspora chinoise et la diaspora juive qui sont des références en matière de contribution au développement de leur pays d’origine.
Au-delà de l’aspect financier
Plus grave que la manne financière, c’est aussi une manne intellectuelle importante qui échappe chaque année au continent, le continent de tous les paradoxes. On y manque en effet de personnel médical alors qu’il est de notoriété publique qu’il y a plus de médecins béninois en île-de-France qu’au Bénin. Par ailleurs, l’on dénombre plus d’infirmiers malawites à #Manchester qu’au Malawi. Les exemples similaires sont bien plus nombreux. Il est portant possible de créer des programmes qui permettent périodiquement à ces fils et filles du continent d’apporter leur contribution au développement du continent.
L’Afrique est certes le continent de tous les paradoxes, mais fort heureusement aussi celui de toutes les opportunités.