L’Interruption volontaire de grossesse (ivg), un mot qui revient régulièrement dans les médias, notamment avec les récents événements en Pologne où le droit à l’avortement avait failli être interdit à la fin de l’année 2016, ainsi que la disparition de Simone Veil le 30 juin dernier, figure emblématique du féminisme en France. Le cas italien a quant à lui de quoi alarmer, avec 70 % des gynécologues refusant de pratiquer l’avortement en invoquant la clause de conscience, qui permet aux obstétriciens de refuser une IVG pour des raisons personnelles et/ou religieuses ; c’est également le cas en France mais beaucoup moins pratiqué.

L’Italie a légalisé l’avortement en 1978 sous le nom de « Loi 194 ». Le vote de cette loi fut le résultat d’un long combat de femmes mais aussi d’hommes et de médecins. Le problème aujourd’hui c’est que la plupart des gynécologues qui se sont battus pour le droit à l’avortement approchent de la retraite et que la relève ne semble pas assurée, et de loin. Le pays est sous une forte influence catholique, avec la présence du Vatican, et certains médecins refuseraient de pratiquer une IVG simplement « pour faire carrière », explique le docteur Michele Mariano, 65 ans. En effet l’influence de l’Église est très présente, même dans le milieu hospitalier.

« Aborto libero per non morire »

« Légalisons l’avortement pour ne pas mourir ».

C’était le slogan utilisé par les militants en faveur de l’IVG dans les années 70. C’est pourtant ce qui arrive encore en Italie. Le 16 octobre 2016, Valentina Milluzo, 32 ans et enceinte de jumeaux, a trouvé la mort avec ses deux fœtus car les médecins de l’hôpital de Cannizaro de Catane en Sicile refusaient l’avortement d’un des jumeaux qui présentait des problèmes respiratoires risquant la vie de son frère et de sa mère.

Il s’agissait donc dans ce cas d’une IVG thérapeutique. L’affaire a ému l’Italie et une enquête a été ouverte mais au regard de la loi, les médecins ne sont pas en tort. L’argument qu’aurait invoqué le gynécologue de la jeune femme serait que « tant qu’il est vivant, je ne vais pas intervenir ». Maintenant ils sont morts tous les trois et il est trop tard pour intervenir.

La situation a de quoi inquiéter quand on se penche sur le cas polonais où le droit à l’avortement a été sauvegardé de justesse fin 2016. Ce droit chèrement payé dans la lutte pour les droits des femmes peut à tout moment être remis en cause par les autorités étatiques. Si la majorité des pays européens ont légalisé l’IVG, il reste des pays où cela reste totalement interdit. C’est le cas de Malte. Dans d’autres pays l’IVG n’est pratiqué que dans des cas extrêmes comme en Irlande, en Andorre, ou en Pologne.