Le ministre et le secrétaire d’État chargés des sports ont révélé une étude du Centre de Droit et d’Économie du sport (univ. de Limoges) et d’un cabinet privé portant sur les retombées économiques de l’accueil de l’Euro 201. Déjà, sans mettre toute l’université limousine, on peut se demander si des conflits d’intérêts au sein du CDES (dont l’un des partenaires est la Française des Jeux) n’ont pas contribué à embellir les résultats. Auxquels, avouons-le, on ne comprend pas grand’chose. Alors que la FIFA (désavouée par la ligue espagnole de football) fait évoluer la Coupe du monde pour la rendre encore plus coûteuse, on peut se demander s’il ne s’agit pas de préparer l’opinion à soutenir l’organisation des JO 2024 en France, qui exigera beaucoup plus d’investissements.

En réalité, si promoteurs et organisateurs internationaux se goinfrent avec les JO, ce sont toujours les contribuables qui couvrent les inéluctables déficits.

Systématiquement négatif

Sauf à surévaluer les retombées publicitaires du rayonnement international d’un pays organisateur des JO, tout bilan économique vraiment postérieur est généralement désastreux. Plus le temps passe, plus le déficit s’alourdit. Les deux exemples éclatants sont les JO 1976 à Montréal et bien sûr ceux d’Athènes (2004). Il y a des exceptions controversées (Barcelone 1992), et il est bien trop tôt pour se prononcer sur ceux de Rio (déficit acceptable ou démesuré). Ceux de Londres (2012) révèlent que toutes les prévisions étaient bidon, les surcoûts furent faramineux, et le coût ultérieur des équipements (en entretien ou voués à rester en friches) s’alourdit au fur et à mesure.

Certes, pour des villes ou pays de faible attraction touristique, accueillir les JO peut générer des bénéfices ultérieurs pour le secteur du tourisme. Mais si la Chine est à présent une destination beaucoup plus fréquentée, cela ne tient pas qu’à ses Jeux. En revanche, les Jeux font davantage fuir des touristes potentiels qu’ils n’en amènent.

S’il ne reste plus que Los Angeles, Budapest et Paris en lice pour les JO 2024, ce n’est pas en raison de la qualité des dossiers, mais des défections en cascade des villes concurrentes ayant fait marcher leurs bouliers en sachant résister aux pressions des bétonneurs et des promoteurs. Hambourg, Rome, et Boston ont fait leurs comptes.

Si Paris l’emporte, il n’est pas sûr qu’elle et la France récupéreront les 60 millions d’euros (une broutille, une paille) ou davantage qu’une défaite impliquerait : pour Londres, le pôle olympique déserté représente déjà ‘’un mausolée d’argent public’’ de neuf milliards de livres sterling. En général, les dépassements des budgets prévisionnels, depuis 1960, sont de l’ordre de 180 % (200 % pour Londres). S’ajoutent ensuite les frais de fonctionnement, sur des années, lustres, et décennies, des équipements qui ne sont pas laissés à l’abandon ou finissent détruits (ce qui a aussi un coût). Je ne me prononce pas sur bilan de l’Euro 2016, assurément très, trop prématuré. Mais il conviendrait de s’interroger sur le devenir du Stade de France, bénéficiaire en 2011 (pour qui au juste ?

Réellement ?), déficitaire de deux millions d’euros en 2015, tout juste remis à flot par l’Euro 2016, sans doute déficitaire en 2017, et dont ‘’le devenir’’, selon Thierry Braillard, secrétaire d’État au Sports, ne tiendra, après lourds travaux, qu’au succès de la candidature de la France aux JO. Mais pour Vinci et Bouygues, le stade fut une juteuse affaire. Il reste huit mois pour renoncer. La question devrait être soigneusement posée aux candidats à la présidentielle et il conviendrait de ne pas se contenter de réponses oiseuses, évasives. Ou de tirades convenues sur les formidables atouts du sport de compétition, l’emploi (des contrats temporaires au mieux), ou l’amitié entre les peuples. Pour le moment, François Pelletant (UDI), président de l’Association des maires franciliens, s’interroge sur ‘’cette nouvelle gloriole qui profitera toujours aux mêmes’’.