Le dernier point de la nuit dernière, sur le site du Vendée Globe, donnait toujours, à 05:00 (les prochains relevés étant effectué à 09 h et midi), le Banque Populaire VIII d’Armel Le Cléac’h à près de cent mille nautiques (à 146 nm de l’arrivée contre 223) devant l’Hugo Boss d’Alex Thomson. L’écart de cap entre les deux voiliers, depuis les îles Scilly, reste relativement faible et Armel Le Cléac’h filait environ quatre nœuds plus vite que son poursuivant. Sauf casse ou retournement insolite de la situation, la victoire du Français sur son plus proche concurrent reste hautement probable.

Ce d’autant qu’Alex Thomson, qui avait regagné sur son devancier, manque encore plus de sommeil. ‘’Je ne pense plus l’emporter, il me reste une petite chance mais cela sera très, très dur (…) je voudrais juste pouvoir enclencher l’autopilotage et dormir’’, confiait-il au Times. Handicapé par une avarie subie par l’un de ses hydrofoils, d’une autre de ses instruments permettant d’activer l’autopilotage, le Gallois est toutefois quasiment assuré de réaliser un exploit. Lui aussi a battu le record précédent, qui était de 78 jours. Nous en sommes aujourd’hui à 74 et le troisième, Jérémie Beyou, sur Maître Coq, sauf changement de météo radicale, peut à peine l’espérer. Car il n’approche que le large de la Galice, à plus de 700 milles du premier.

Hormis Alex Thomson, le peloton de tête reste largement franco-français, Nandor Fa, sur Spirit of Hungary, étant huitième, derrière Louis Burton (Bureau Vallée), Jean-Pierre Dick, Jean Le Cam, Yann Elies (4e et encore très loin derrière Jérémie Beyou).

Deux fois second

Le dernier record avait été établi par François Gabart en 2013 (78 jours, deux heures).

Armel Le Cléac’h en est à sa troisième compétition et il était arrivé deux fois second. Alex Thomson était plus aguerri (quatre compétitions, deux abandons) et s’était classé troisième en 2013. C’est sans doute dans l’après-midi que, sauf événement imprévisible, Armel Le Cléac’h abordera aux Sables-d’Olonne. Les prévisions sont qu’après plus de 40 000 km et de deux mois et demi, l’écart à l’arrivée sera de l’ordre de cinq ou six heures seulement.

Il aurait dû être d’environ trois ou quatre heures, mais le Banque populaire a distancé l’Hugo Boss au cours de la nuit. En 2013, Thomson était déjà arrivé trois heures seulement derrière Gabart. Mercredi, en fin de journée, Le Cléac’h avait viré de bord avant son poursuivant, regagnant un plus net avantage. Près de 350 000 spectateurs se masseront à Port Olona, dont François Gabart et Vincent Riou, deux des précédents vainqueurs. Cette année, Riou avait été contraint à l’abandon du fait d’une collision avec un cétacé, deux semaines après le départ. Le Cléac’h peut désormais espérer égaler Michel Desjoyeaux, deux fois vainqueur (2001 et 2009), dans quatre ans. Enfin, sauf accident, qu’on ne lui souhaite pas davantage qu’à Alex Thomson.

Cela semble la victoire assurée mais rien ne peut jamais être formellement exclu en mer pour des bateaux de ce type. Il n'y a plus que 18 concurrents sur les 29 du départ. Le dernier, Sébastien Destremau, se trouve encore à mi-distance entre l'Australie et le Cap Horn et trois autres ne l'ont pas encore doublé ce jeudi matin. Ce qui donne la mesure des exploits des cinq premiers, et de Le Cléac'h et Thomson qui se sont livrés à une compétition acharnée...