Ils sont peu nombreux, ces dernières années, à avoir découvert l’ivresse d’un dimanche de deuxième semaine en Grand Chelem. Pour être tout à fait précis, hormis le Big Four, ils ne sont que dix, sur la dernière décennie, à avoir atteint la finale d’un des 39 tournois majeurs disputés depuis début 2008. Ce dimanche, à l’US Open, Kevin Anderson rejoindra ce clan très fermé, dont seulement trois sont parvenus à décrocher le titre.

Anderson: Ni favori, ni outsider

Pourtant, en début d’année, le Sud-Africain semble loin d’être en mesure d’accéder à une finale de Grand Chelem.

Blessé à la hanche (déchirure du labrum acétabulaire), Anderson se voit contraint de faire une croix sur l’Open d’Australie et de reprendre la saison plus tard, à Memphis, le 14 février. « Je suis au septième ciel, il y a 9 mois on m'a dit que je devais me faire opérer d'une hanche et maintenant, je suis en finale dans l'un des plus grands tournois du monde », savourait-il à l’issue de sa victoire en demi-finales face à Pablo Carreno-Busta.

En début de quinzaine non plus, la tête de série numéro 28 n’a rien d’un outsider.

Malgré un été satisfaisant (finale à Washington, quarts de finale au Masters 1000 de Montréal), le natif de Johannesburg se présente à Flushing Meadows sans trop de repères. Avant cette édition 2017, son meilleur résultat en Grand Chelem reste un quart de finale à l’US, en 2015, lors duquel, il a, il faut le reconnaître, écarté Andy Murray.

Mais hormis cette performance, rien de bien transcendant : trois titres à son palmarès (que des ATP 250), trois petites victoires sur 22 rencontres face aux membres du Big Four, et un statut de top 30 régulier. De quoi oublier, d’ailleurs, qu’en octobre 2015, il était parvenu, le temps d’une semaine, à intégrer le top 10, avec une dixième place à l’ATP.

Déjà dans l'histoire

Bien loin de son meilleur classement, le Floridien d’adoption aborde donc l’US Open au 32e rang mondial. Profitant d’une partie de tableau désertée, Anderson s’appuie sur son jeu tout en puissance pour écarter de sa route les différents adversaires qui se présentent face à lui. En plus de son service redoutable (6 breaks concédés en 6 matches) et de sa solidité en fond de court, le joueur de 2m03, n’hésite pas à prendre des risques, à l’image de cette volée qu’il claque dans le dixième jeu du quatrième set de sa demi-finale, alors qu’elle semblait largement dans le couloir.

Avant même de disputer sa finale, Kevin Anderson est déjà entré dans l’histoire. D’une part, car il est le premier joueur de plus de 2 mètres à se qualifier en finale de Grand Chelem.

D’autre part, car il est le joueur le plus mal classé à atteindre ce stade de la compétition, depuis l’instauration du classement ATP en 1973. En cas de victoire face à Rafael Nadal ce dimanche, il deviendrait le premier Sud-Africain à triompher dans un tournoi majeur depuis Johan Kriek, en 1981. Quoi qu’il en soit, dans le pire des cas, Kevin Anderson abordera la semaine prochaine dans la peau du 15e joueur mondial. Et ça, c’est déjà une victoire compte tenu de son statut en début d’année.