Révolution cette saison chez les San Antonio Spurs : Tony Parker ne fait désormais plus partie des 5 joueurs débutant les matchs de son équipe. Son coach Gregg Popovich lui préférant désormais le jeune meneur Dejounte Murray.

Pour autant, peut-on parler de chant du cygne pour le meilleur basketteur français, lui qui espère signer à l’issue de cette saison un nouveau et ultime contrat avec les Spurs, son club de toujours en NBA ?

N’ayant pas manqué les playoffs depuis 20 ans, les Spurs pourraient bien être privés des phases finales cette année. A leur décharge, outre la blessure de Tony Parker, l’équipe a également dû palier les absences de Rudy Gay et de la star de l’équipe, Kawhi Leonard.

Lequel souffrait d’une blessure analogue à celle que Tony Parker. Mais après 9 petits matchs et un retour à l’infirmerie en raison d’une nouvelle blessure, Leonard se fait toujours attendre. Officiellement, alors que les médecins du club ont donné leur aval pour que le joueur revienne sur les parquets, Leonard consulte d’autres médecins, qui lui conseillent de différer son retour à la compétition, alors que la saison régulière s’achève bientôt.

Malaise perceptible à San Antonio, où les joueurs ont récemment échangé avec le “blessé”, pour tenter de comprendre pourquoi il ne revenait pas au sein de l’équipe. Des rumeurs grandissantes soulignent ses envies « d’ailleurs ». Hasard ou coïncidence, son entourage a récemment refusé un nouveau contrat publicitaire avec Jordan Brand, car jugé indigne du palmarès de la star.

Dans cette perspective de réorientation monétaire et carriériste, quid d’un salaire plus élevé et/ou d’un statut de superstar que les Spurs ne pourraient pas lui offrir, expliquant l’attitude ambiguë de Leonard ?

En son absence, c’est donc LaMarcus Aldridge qui maintient le navire texan à flots. Actuellement 6èmes de la conférence Ouest, sur 8 qualifiés au total pour les playoffs, les Spurs sont au coude-à-coude avec plusieurs équipes, et leur qualification pour la postseason n'est pas encore acquise.

D'autant que, dans un effectif déjà miné par le cas Kawhi Leonard et les nombreuses blessures, l’équipe doit composer avec l’intégration de jeunes pousses. Dans ces conditions, difficile pour les Spurs et Tony Parker de réciter leurs gammes collectives. Ce qui se ressent sur le terrain : contrairement aux vieux briscards comme Parker, Manu Ginobilli, Danny Green ou Patty Mills, les nouveaux joueurs ont du mal à assimiler les schémas tactiques.

L’efficacité offensive comme défensive s’en ressent, et les fins de matchs hasardeuses comme les défaites évitables s’accumulent, pesant sur le moral des troupes et leur rendement habituel.

Tony Parker, "victime" de la philosophie des Spurs

Plus qu’ailleurs, chez les Spurs, la philosophie en vigueur consiste à se sacrifier pour le bien de l’équipe. D’où jadis le passage de flambeau de David Robinson au jeune Tim Duncan, puis de ce dernier à Manu Ginobilli et Tony Parker. Avant qu’eux-mêmes ne confient les rennes de l’attaque et le leadership à Khawi Leonard et LaMarcus Aldridge. Le credo de Gregg Popovich est donc “Place aux jeunes”, qu’importe le glorieux pedigree des stars vieillissantes de l’équipe.

La formule a parfaitement fonctionné jusqu’ici : 5 titres NBA de 1999 à 2014.

Et puis, la véritable star à San Antonio, c’est Gregg Popovich, alias “Pop”, féroce détracteur de Donald Trump à ses heures perdues. Pas ses joueurs. Le staff préférant d’ailleurs largement privilégier les profils “dociles”, plutôt que le recrutement de joueurs talentueux mais trop nombrilistes ou pas assez canalisables.

"TP" manque de rythme

Tony Parker a été victime d’une blessure aux quadriceps l’ayant obligé à manquer la fin des playoffs 2017 et une partie de la saison 2017-2018. Depuis son retour aux affaires, ses statistiques ont singulièrement baissé. 8,1 points par match… Une contribution famélique eut égard à ses standards statistiques antérieurs, même si depuis quelques saisons, il n'est plus l'option numéro 1 de son équipe en attaque.

Aussitôt, certains commencent d’estimer que l’ancien joueur le plus rapide de la NBA n’a plus ses jambes de 20 ans et qu’à bientôt 36 ans, il a irrémédiablement amorcé sa phase descendante.

Mais à bien y regarder, l’explication est moins alarmante : le Français ne joue plus que 20 minutes en moyenne par match. Parfois moins ces derniers matchs. Difficile d’aligner des statistiques plus probantes avec si peu de temps de jeu, malgré quelques poussées de fièvre, comme ses 23 points face aux Memphis Grizzlies.

Le rythme constitue le nerf de la guerre dans le sport professionnel : si un joueur ne joue plus qu’épisodiquement, il aura du mal à maintenir une précision et des performances régulières. C’est là le mal dont souffre actuellement le numéro 9 des Spurs, dont le pourcentage d’adresse est assez préoccupant.

Pour la première fois, Gregg Popovich est aux pâquerettes

Fidèle à ses préceptes de jeunisme, Popovich a donc préféré confier les clés de l’attaque à Dejounte Murray, envoyant Parker sur le banc. Mais la mayonnaise ne prend pas, malgré les statistiques passables de Murray :

  • Depuis la titularisation de Murray dans le cinq de départ, fin janvier 2018, les Spurs perdent beaucoup plus de matchs. Coïncidence ?
  • Malgré de nombreuses défaites indignes du statut des Spurs, Popovich s’obstine à maintenir Murray dans le cinq majeur à la place de Parker, prétextant que Murray doit engranger de l’expérience (notamment dans les fins de matchs) pour atteindre le palier de progression suivant. Sans que Parker n’esquisse la moindre protestation, ce qui est tout à son honneur. Résultat : des fins de matchs mal gérées, comme face aux Milwaukee Bucks, lorsque Murray a condamné son équipe dans les dernières secondes du match, en désobéissant aux consignes de Popovich, pour tenter un tir précipité, ne touchant même pas l’arceau… Et Popovich de lui passer une soufflante dont il a le secret.

Un retour de Parker aux affaires ?

Nonobstant l’avalanche de blessures qu’ils ont connue, Popovich, joueurs et fans des Spurs pourront nourrir d’amers regrets s’ils ne sont pas qualifiés pour les playoffs cette année.

Et un joueur comme Parker, totalement remis de sa blessure et habitué à gérer les coups de pression comme les fins de match difficiles, serait objectivement plus utile dans de tels moments que le trop vert Murray.

Si malgré tout, les Spurs atteignent les playoffs, Popovich retiendra-t-il la leçon, en accordant à Tony Parker un temps de jeu plus conséquent, afin d’aider davantage l’équipe ? Le principal intéressé déclarait qu’il avait désormais l’habitude que certains l’enterrent trop vite. Espérons qu’encore une fois, les sceptiques se trompent à propos de l’empereur du floater en NBA.