On a coutume de dire que Manchester est rouge. Dimanche, la Premier League tout entière sera rouge, Red Devils contre Reds. Malgré les nombreux chocs qui émaillent le championnat le plus concurrentiel du monde, rien ne vaut un Manchester vs Liverpool. C'était en tout cas l'avis de Sir Alex Ferguson, partagé par beaucoup d'aficionados de la ligue anglaise, pour qui ce choc constituait "toujours le plus grand derby de l'année". Solskjaer a d'ailleurs convié le légendaire coach pour une causerie, celui que l'on surnommait le sèche-cheveux pour ses soufflantes salvatrices à la mi-temps.

La rivalité pousse les mancuniens à faire de ce match une question d'honneur, d'autant que Liverpool, en position de leader, est plus que jamais en course pour le titre. Un affront à éviter pour le club de Manchester, qui totalise 20 titres contre 18 pour les Scousers, et compte bien empêcher son rival de revenir dans la course au palmarès, forgé en partie par le mythique entraineur Écossais. Quant aux fans mancuniens, ils ne veulent pas que la plaisanterie désormais culte "qu'est-ce qui n'est jamais rentré dans le port de Liverpool ? Une Premier League" ne devienne obsolète. Le trophée de l'héritière de la First Division n'a en effet pas atterri dans la Mersey depuis sa création en 1992.

Une obsession du titre pour les Reds de Liverpool

Si le match revêt un intérêt plus "sentimental" que comptable pour United, décroché dans la lutte pour le titre, il en est autrement pour Liverpool qui a constamment les Citizens dans le rétroviseur. Afin de retrouver une place de tout premier plan et briser la moquerie mancunienne, les Reds ont clairement fait de la Premier League une priorité.

Certes pas officiellement, mais entre les copies parfois moyennes en Champions League et au vu du match face au Bayern Munich (0-0), on remarque que les têtes sont peut-être ailleurs lorsqu'il s'agit de mettre le bleu de chauffe en compétition européenne. Si cela peut paraitre fou de prioriser le championnat national par rapport à l'épreuve reine du Football moderne, c'est presque logique si l'on considère d'abord les enjeux financiers de la Premier League.

L'explication trouve aussi ses racines dans la très forte culture club des Anglais, pour qui les matches de championnat peuvent être plus importants que ceux des Three Lions. L'obsession de Liverpool pour le titre de champion d'Angleterre, tombé dans l'escarcelle de l'ennemi depuis bien trop longtemps, est presque palpable chez les supporters.

Une rivalité croissante depuis des décennies

L'antagonisme puise ses sources dans un conflit économique datant du 18ème siècle, où Liverpool taxait des produits en direction de Manchester, ces derniers répondant par la création d'un canal pour éviter ce dilemme. Mais si la première confrontation de clubs remonte à 1895 et une victoire record par 7 buts 1 des Reds à domicile, la vraie rivalité sportive démarre vers la fin des années 50 et l'arrivée de Bill Shankly à la tête des Reds, et de l'autre côté la génération Matt Busby.

Aucun transfert entre les deux clubs n'est d'ailleurs à noter depuis 1964. Les deux décennies suivantes vont voir l'émergence et la domination de Liverpool sur le football anglais, mais aussi marquer les esprits avec les tragédies du Heysel et de Hillsborough. Une histoire commence là où l'autre se termine, avec l'ouverture d'un nouveau chapitre, celui du Manchester United de Sir Alex Ferguson. Sous la houlette du technicien martyriseur de chewing-gum, le palmarès des Red Devils va égaler et même dépasser celui du club de la Mersey, au moins sur les titres nationaux. Ce dimanche, il s'agira de faire un pas vers un nouvel acte, là où le Théâtre des rêves veut être le cauchemar des visiteurs. Gageons que le Fergie Time fasse toujours effet et pourquoi pas parler un jour, d'un Solskjaer time.