Si la Russie n'a jamais manifesté une quelconque tolérance envers la communauté homosexuelle, la Tchétchénie - où 97% de la population est de confession musulmane - provoque la stupeur de la communauté internationale en déclarant poursuivre un dessein homophobe qui semble appartenir au passé... en 2017 : éliminer la totalité de la communauté homosexuelle du territoire avant le début du ramadan, le 26 mai.

C'est le journal tchétchène d'opposition Novaïa Gazeta qui avait lancé la bombe médiatique durant le mois d'avril. La chaîne américaine CNN avait alors rapidement mis la lumière sur la politique anti-LGBT du gouvernement : deux homosexuels avaient témoigné sur l'horrible sort dont la communauté faisait l'objet.

Le terme de "prisons secrètes" a rapidement fait surface. N'ayons pas peur des mots : de véritables camps de concentration voire d'extermination sont devenus les tristes théâtres de tortures et persécutions qui semblent nous ramener plus de 75 ans en arrière. Les deux interviewés racontent le calvaire - torture, électrocutions, et condamnations à mort sont devenues le quotidien de centaines d'hommes actuellement détenus. Quelques dizaines d'homosexuels ont réussi à fuir le territoire mais les autres vivent encore dans la peur, ou du moins, tentent de survivre aux exactions des autorités tchétchènes.

« Si ma famille découvre que je suis gay, aucune autorité, aucune troupe ne sera nécessaire : ils me tueront eux-mêmes » rapporte l'un d'eux.

Pour le porte-parole de Ramzan Kadyrov, qui nie cette purge et se défend de ces accusations, la communauté LGBT ne saurait faire l'objet d'une telle répression car "l'homosexualité n'existe pas ici [en Tchétchénie] et les homosexuels ne font pas partie de la république". Quand bien même "ils existeraient, la loi n'aurait pas à se soucier d'eux car leurs propres parents les auraient déjà envoyés là d'où ils ne pourraient jamais revenir".

Aujourd'hui, le projet tchétchène est radical et témoigne de l'homophobie qui règne dans un pays où l'homosexualité a officiellement été dépénalisée en 1993 : éliminer l'ensemble de la communauté LGBT du territoire avant le début du ramadan.

Des réactions à l'international

Alors que l'élection présidentielle est au coeur des questions de société en France, Jean-Luc Mélenchon avait été le premier à parler de l'inhumanité et de la "cruauté totale" de ces pratiques le 12 avril lors de son meeting à Lille.

Emmanuel Macron - gagnant du premier tour des présidentielles le 23 avril dernier - avait aussi pris position quelques jours plus tard, le 17 avril, en rappelant le devoir moral de la France en tant que patrie "du camp des Droits de l'Homme". Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a, quant à lui, affirmé qu’aucune preuve ne venait étayer les accusations.

Le Mouvement d’affirmation des jeunes gay, lesbiennes, bi et trans avait alors déjà appelé l'UNESCO, l'ONU et les candidats à l'élection présidentielle à agir et à condamner ces persécutions abjectes. Sur les réseaux sociaux, les utilisateurs de Twitter postent par centaines depuis hier le hashtag #TchetchenieURGENCE pour condamner cette violation des Droits de l'Homme et dénoncer la situation encore trop peu relayée.

Rappelons, en dernier lieu, que la Russie a, en 1998, ratifié la Convention Européenne des Droits de l'Homme dont l'article 14 dispose que « La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune [...] ».