Pour Viviane Reding, députée Luxembourgeoise au parlement européen, il est urgent de prendre des mesures en matière de législation concernant l'accès à nos données personnelles et surtout leur exploitation à des fins commerciales ou d'espionnage. En effet, les révélations d'Edward Snowden en 2013, ex-consultant de la NSA, concerne l'ampleur de l'espionnage de l'agence américaine sur le sol américain mais aussi dans d'autres pays (l’espionnage des citoyens par les entreprises, les données recueillies pouvant alors devenir une arme utilisable contre un citoyen) nous permettent de mesurer l’urgence des mesures nécessaires.

Actuellement, la directive européenne dite " paquet télécom " (modification de l'article 5(3) de la directive 2002/58/CE par l'adoption de la directive 2009/136/CE. L'article 32-II de la loi du 6 janvier 1978, modifié par l'ordonnance n°2011-1012 du 24 août 2011 transposant la directive 2009/136/CE ) "en application de la loi informatique et libertés, les traceurs (cookies ou autres) nécessitant un recueil du consentement ne peuvent donc être déposés ou lus sur son terminal, tant que la personne n’a pas donné son consentement". Cette loi impose que les internautes soient informés et donnent leur consentement préalablement à l'insertion de traceurs ou cookie afin d’avoir le choix de consentir ou non à être tracés lorsqu'ils visitent un site ou utilisent une application.

Un bandeau d'information préalable doit apparaître, du genre « En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d’intérêts + En savoir plus et gérer ces paramètres » et l'utilisateur clic il accepte qu'un fichier de reconnaissance soit stocké sur son PC et permette de cibler par exemple son numéro identifiant, ou le type de navigateur, sa région, sa durée de connexion etc.

afin de suivre à la trace les sites fréquentés et proposer de la publicité ciblée. Certains cookies sont utiles, comme ceux pour stocker les logins, les mots de passe ou un panier d'achat. Ce consentement est valable 13 mois maximum, mais le problème est que certains traceurs restent dispensés du consentement de l’utilisateur.

Et d'autre part, nous sommes amenés à donner notre consentement par des voies détournées telle que "l'obligation d'accepter les conditions générales de vente" pour finaliser un achat ! (La Cnil propose le logiciel Cookieviz pour gérer tous les accès).

Google et d'autres sites rechignent à la transparence sur l'utilisation des cookies et la durée de leur maintien

Selon la Cnil, le bouton « like » de Facebook ou « +1 » de Google, permettent notamment de savoir qu'un internaute s'est rendu sur une page, même s'il n'a cliqué nulle part. Selon le New York Times, Google étudie un système d'identifiant anonyme rattaché au navigateur Chrome. De nombreux critiques considèrent que cela donnerait encore plus de pouvoir à l'entreprise sur le monde de la publicité en ligne.

Avec l'avènement du numérique, les entreprises ont la possibilité d'exploiter une quantité infinie de données et la législation n'est pas encore à la mesure de la protection que cela demande pour protéger la vie privée des utilisateurs. Le risque est aussi de nous retrouver fichés et pas seulement dans des cases commerciales. En occident, nous sommes tous, ou presque, connectés, nos comportements peuvent donc être mesurés afin de cibler et optimiser toujours plus le marketing et pister les préférences et comportements des consommateurs mais aussi renseigner sur nos inclinaisons politiques, religieuses, ou nos préférences personnelles et privées. Une bataille pour défendre les intérêts des utilisateurs à eu lieux à Bruxelles, bien entendu les enjeux sont majeurs pour les entreprises et les états qui ont tous intérêt à pouvoir maintenir leur activité de pistage, et les conflits d'intérêt s'exercent à outrance.

Les lobby sont particulièrement actifs à Bruxelles et les stratégies sont toujours les mêmes pour entraver les propositions de lois: l'influence, les pressions, des amendements multiples et des délais imposés afin d'empêcher l'aboutissement des réformes qui sont dans l'intérêt des citoyens et non des entreprises qui sont plus que jamais les plus fortes pour imposer toujours plus de libéralisme au détriment de la liberté des consommateurs et utilisateurs. Des équipes se battent pour nous, déterminées à refuser que des entreprises fassent commerce de nos données personnelles ou fournissent ces données aux états afin qu'ils puissent mieux nous contrôler, nous diriger à leur guise comme des marionnettes.

Les multinationales prennent toujours plus de pouvoir et il nous appartient de ne pas les laisser s'approprier nos données personnelles, s'introduire dans notre sphère privée par le biais de nos écrans numériques, nous surveiller et qui plus est, informer les services secrets sur notre vie privée. Leur pouvoir est déjà colossal car proportionnel à leur chiffre d’affaire : Une étude de l’école polytechnique de Zurich reporte les faits suivants : 0,7 % des entreprises dans le monde contrôlent 80% de la richesse mondiale produite. 147 entreprises seulement contrôlent 40% de l’activité mondiale.

La vidéo ci-dessous est un documentaire d'Arte qui approfondi le sujet et ses enjeux.