Cocorico ! Née en mai 1961, le jour de la Sainte-Sophie, la girafe du fabricant français Vulli®, fabriquée à partir de coton bio, de fibre de maïs et de caoutchouc, le tout garanti 100 % naturel, a conquis le monde entier. C'est, depuis Brigitte Bardot, la star française par excellence... Elle dispose d'un site dédié, d'espaces Facebook, &c., et se décline aussi en peluches, balles, formes à empiler, pyramide de bain, &c.

Comme le proclame le service de presse de Vulli, la firme de Rumilly (Haute-Savoie), fondée en 1945 par Delacoste (société reprise par Vulli), diffuse Sophie dans plus de 75 pays et se targue de l'avoir déclinée en diverses marques dont So'pure et Fresh touch. Mais en vieillissant, Sophie devient un peu moins pure et fraîche...

Naturelle donc... moisie

Surprise, surprise, des matériaux organiques cent pour cent naturels peuvent être sujets à l'accumulation de moisissures. Une dentiste américaine, ayant remarqué que l'odeur que dégageait Sophie commençait à paraître suspecte, a pris sa roulette (ou je ne sais quoi) pour inspecter ses entrailles.

Et elles lui sont apparu noirâtres et gluantes. Il n'en fallait pas davantage pour qu'elle proclame sa stupéfaction et son dégoût au monde anglophone... Après les fromages qui puent, la girafe française aux remugles fait scandale. Faudrait savoir : si c'est bio, eh... Sophie est munie d'une petite valve qui ne peut rester indéfiniment étanche. Du coup, comme on la plonge trop souvent dans le bain des bébés, elle moisit de l'intérieur. Exactement comme tout jouet ou objet pour enfants ou animaux de compagnie fabriqué de la sorte. Stupeur et tremblements des parents, surtout étasuniens, qui s'empressent de disséquer la ch'tite bestiole et de publier des photos sur les réseaux sociaux. Vulli ne disconvient pas que sa Sophie peut finir par puer du bas-ventre, et c'est pourquoi elle est vendue avec une notice indiquant très clairement que l'entretien de Sophie doit être effectué uniquement avec un chiffon humide ou une lingette, qu'il ne faut pas la rincer abondamment, ni l'immerger dans l'eau du bain des bébés.

Une maman, un papa averti devrait en valoir deux, mais ni une, ni deux, l'affolement s'est propagé. Bien évidemment, la presse britannique s'est fait un devoir de reprendre l'info et de publier des photos que nombre de quotidiens en langue anglaise ont à leur tour divulguées. Car Sophie est présente dans près de 800 000 foyers français, et plus de 50 millions de par le vaste monde. Yahoo parenting, le site Scary Mommy, et des titres comme Cosmopolitan (avec pour sous-titre ''this is absolutely horrifying''), se sont très vite emparés de l'affaire. Qu'on se rassure, la Dr Lyuba Konopasek, du Weil Cornell Medical Center, certifie que ce type de moisissure est sans danger pour la plupart des enfants peu allergiques.

Carolyn Forte, du Good Housekeeping Institute, a dispensé des conseils : utilisez le lave-vaisselle puis ayez recours à une solution eau-détergent (de type Clorox, une marque très connue aux États-Unis) avant d'utiliser un sèche-cheveux. Bref, nombre de sommités scientifiques sont désormais au chevet de Sophie la girafe. L'avis est unanime, inutile de la saigner ou de la dépecer. Elle est en tout cas plus robuste que ses grandes sœurs africaines menacées d'extinction. En tout cas, qu'on se rassure aussi plus largement, pour une fois, l'origine française du jouet n'a pas été stigmatisée...