Ce projet semble fou, mais il est pourtant défendu, avec le plus grand sérieux par l’Agence spatiale européenne. Elle estime même qu’une dizaine d’années suffiraient à y parvenir. Plus loin, plus difficile aussi, la NASA envisage d’envoyer des hommes sur Mars d’ici une vingtaine d’années. Mars demeure la planète sur laquelle la compagnie SpaceX imagine pouvoir établir, dans la foulée, une colonie humaine. « Apparemment, il y a une voiture en orbite autour de la Terre », a tweeté Elon Musk, son coupé personnel, affirme-t-il.
Un cabriolet Tesla rouge dans l’espace et la première des publicités interstellaires
En 1925, André Citroën habillait la tour Eiffel d’illuminations à son nom et d’étoiles filantes avec de simples lampes électriques. Presque un siècle plus tard, Elon Musk, le visionnaire lance le Roadster décapotable de couleur rouge, le modèle de sa deuxième société Tesla inc. dans l’espace.
Le pantin, baptisé « Starman », chapeauté d’un casque d’astronaute et revêtu d’une combinaison spatiale est assis côté conducteur, une main sur le volant et un bras sur la portière, il écoute « Space Oddity » et « Life on Mars » de David Bowie.
C’est la première voiture de série propulsée dans l’espace. Elle remplace les simulateurs de masse de blocs de béton ou d’acier traditionnels.
View from SpaceX Launch Control. Apparently, there is a car in orbit around Earth. pic.twitter.com/QljN2VnL1O
— Elon Musk (@elonmusk) 6 février 2018
Situé au nord du cap Canaveral, la base de la NASA en Floride, le centre spatial Kennedy compte une vingtaine de pads de lancement. Le pas de tir 39A (SpaceX a signé un bail de 20 ans pour le Launch Pad 39A en 2014) a vu décoller une certaine fusée Saturne V, le 16 juillet 1969.
Elle emportait la capsule Apollo 11 et son équipage. Le jet de la Falcon Heavy nous a offert des images spectaculaires sur fond de logo SpaceX, la compagnie spatiale privée d’Elon Musk.
La fusée Falcon Heavy propulsée par 27 moteurs mis à feu simultanément a décollé victorieusement depuis Cap Canaveral en Floride à 21 h 45 mardi.
Et deux de ses trois lanceurs d’appoint ont accompli un coup de maître, celui de se reposer sur Terre quelques minutes plus tard. L’exploit, c’est l’atterrissage réussi des fusées, le troisième a plongé dans l’océan tout près de son objectif, à quelques dizaines de mètres d’une barge dans l’Atlantique.
Si les composants de la voiture endurent le rayonnement cosmique de la zone qu’elle doit traverser, l’automobile n’a pas fini de faire parler d’elle. Les deux ceintures de Van Hallen constituent un obstacle de taille pour envoyer des hommes dans l’espace. C’est un concentré de particules ionisantes qui contient des rayonnements alpha, bêta et gamma particulièrement dangereux et létaux pour les humains.
Si la voiture en traverse la plus faible épaisseur, elle devra subsister pendant les 5 heures de trajet. Le vaisseau mettra ensuite le cap vers Mars pour entrer en orbite autour du Soleil. Son aventure pourrait alors durer un milliard d’années.
La Falcon Heavy, un lanceur lourd puissant et robuste
La Falcon Heavy pourra à terme mettre en orbite des charges utiles qui dépasseront les 60 tonnes. Cette performance la place en tête de ses concurrents. Delta IV Heavy de l’United Launch Alliance regroupe Lockheed Martin et Boeing et peut porter 29 tonnes, la navette spatiale américaine, Proton M russe, Ariane 5, H-IIB, le lanceur japonais, et la Longue Marche 5 chinoise détenaient les records. La poussée au décollage de la Falcon Heavy relève du jamais vu grâce à 27 moteurs Merlin.
C’était également la première fois que trois éléments nécessitaient un atterrissage presque simultané. La Falcon 9 ne comportait qu’un morceau à faire apponter.
Au terme de la mission Apollo et des vols lunaires, les fusées ont diminué en puissance. Saturne V pouvait transporter 118 tonnes. Ce sont des Soyouz qui véhiculent actuellement les astronautes dans la station spatiale, et suite à la démonstration d’Elon Musk, des partenaires privés de l’agence gouvernementale américaine, dont SpaceX, remplaceront les vaisseaux russes peut-être à la fin de cette année.
Mais d’autres prétendants vont bientôt effectuer leur premier essai.
La New Glenn de Blue Origin, la compagnie du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos pourra transporter 45 tonnes, mais son vol initial n’est pas prévu avant 2020.
La Vulcan, un projet de l’United Launch Alliance, pourra emporter 36 tonnes de cargaison, mais les tirs élémentaires n’auront lieu que l’année prochaine.
Le Space Launch System dénomme le lanceur spatial américain dont l’objectif principal consiste à placer en orbite la capsule Orion. Sa construction se trouve naturellement supervisée par la NASA pour transporter des équipages vers Mars et emporter une cargaison de 139 tonnes. Son vol inaugural, initialement prévu cette année, s’est vu repoussé à décembre 2019.
Pour l’heure, Elon Musk reste gagnant si l’on considère l’avance qu’il prend sur ses concurrents.
Ohh my god @ChrisG_NSF & @NASASpaceflight! Remote number one from Falcon Heavy! pic.twitter.com/aj4ly8Cr5r
— Brady Kenniston (@TheFavoritist) 6 février 2018
Space X travaille aussi sur son système de Transport interplanétaire la nouvelle fusée de SpaceX : le BFR, le « Big F...cking Rocket », ainsi que le vaisseau spatial de la compagnie, le BFS, ou « Big F...cking Spaceship ».
Le projet s’est dévoilé au cours de la Conférence internationale d’astronautique à Guadalajara, au Mexique le 30 septembre 2016. Nous ne savons toujours pas comment Elon Musk prévoit maintenir les voyageurs en vie pendant, ou après l’atterrissage sur Mars, où ils vivront, combien cela va coûter. Une seule chose se montre sure et certaine : la conquête spatiale n’a pas fini de faire rêver les générations actuelles et à venir.