Surpopulation chronique, prisons mal entretenues, le coronavirus touche le système carcéral français de plein fouet alors qu'il est déjà à bout de souffle. Comment va-t-il s'en sortir? Quelques éléments de réponse dans cet article.

Selon l'Agence France Presse (AFP), les prisons françaises comptaient au 1er janvier 2020, 70 651 détenus pour 61080 places disponibles. Une surpopulation carcérale qui laisse craindre une situation très tendue ces prochains jours.

La Garde des Sceaux, Nicole Belloubet déclare, au micro de France Inter, le 26 mars dernier: "La question de la détention est l’une de mes principales préoccupations."

L'Observatoire International des Prisons (OIP) tient un décompte sur le nombre de prisonniers atteints par le coronavirus. Au 15 avril, la situation s'aggrave : selon un bilan de l’administration pénitentiaire qui exclut les personnes ne présentant plus de symptômes, 76 détenus et 204 agents pénitentiaires ont été testés positifs, et 1 003 sont actuellement en confinement sanitaire, selon Le Figaro. Pour cet organisme, la surpopulation est un facteur aggravant pour contracter le coronavirus.

En effet, lorsque des prisonniers se retrouvent à 3 ou 4 dans une même cellule, le risque de propagation du virus est alors décuplé. Pire encore, dans certains cas, certains détenus dorment dans des dortoirs communs de 6 à 8 lits. Une situation explosive et dangereuse.

Coronavirus : une baisse de 22% de la population carcérale

Enfin un bol d'air frais pour les prisons françaises. « La diminution constatée au 13 avril est de 9.923 détenus depuis le 16 mars (…) pour atteindre 62.650 détenus », a expliqué Stéphane Bredin, directeur de l'administration pénitentiaire, auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Cette baisse de 22% de la population carcérale depuis de la crise, selon Stéphane Bredin, permet d'éviter une crise sanitaire sans précédent dans les prisons.

Cette baisse peut s'expliquer de deux manières : le ralentissement de l'activité judiciaire et aussi les remises de peine, ou les libérations anticipées.

Le directeur de l'administration est allé dans ce sens pour expliquer cette baisse significative :

« L’augmentation des sorties et le fort tarissement des entrées sous l’effet du ralentissement de l’activité de juridictions et de la promotion des alternatives à la détention. »

Ce dernier précise : On approche des 10 000 détenus en moins". Il estime aussi que "le taux d'occupation baissera "sans doute à 100% durant la semaine prochaine.

Coronavirus : une situation qui reste quand même tendue

Face au coronavirus, Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, estime que la crise est " tardive.

" Elle "recommande de réduire la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d'accueil des établissements en proposant, adoptant ou suscitant toute mesure utile pour favoriser les sorties de prison et limiter les entrées". La situation reste tendue dans certaines prisons où des mutineries ont éclaté, c'est le cas à Béziers ou à Metz.

Au contraire, le climat est plus apaisé dans d'autres prisons : dans au moins huit établissements pénitentiaires, 140 détenus, "tous volontaires et payés" vont fabriquer des masques afin de soutenir le personnel soignant et pénitentiaire, a affirmé Albin Heuman, directeur de l’agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice. Une belle initiative qui amène de l'espoir.