Consulter les chiffres incroyables relatant la vie prolifique de beaucoup des grands maîtres du passé, suffit à se faire une idée précise de leur besoin irrépressible de créer. On comprend mieux alors à quel point il est impératif de s'immerger totalement dans son #Art si l'on veut parvenir à un résultat à la hauteur. La quête de perfection est alors l'unique objectif à atteindre, une véritable obsession canalisée par une remise en question permanente et une insatisfaction chronique. Bien que le publique s'ouvre aujourd'hui de plus en plus largement à l'art, les moyens de communication et de diffusion contribuent amplement à sa divulgation.

Mais ces fenêtres ouvertes d'un simple claquement de doigts pour porter au regard du plus grand nombre un amalgame de productions invasives, engendre un effet pervers: la non sélection par la qualité.

Les galeristes et critiques d'art servent-ils encore à quelque chose ?

Si l'on se replonge dans le passé, à l'époque du Caravage (XVIº siècle), par exemple, cet artiste mort à l'âge de 38 ans a réussi à marquer de son empreinte indélébile le monde de l'art. Et pourtant sa production en terme quantitatif est bien éloignée de celle de Picasso. Dans le premier cas on parle d'une centaine d'oeuvres, dans le second de 120 000 ! (Autant dire de la production à l'échelle industrielle...). En étudiant ces deux opposés, on est contraint de s'interroger sur la véritable nature de la motivation de ces hommes plantés devant leur chevalet, à l'écoute du monde de l'Église pour le premier, de celui de la finance, pour le deuxième ?

Mais ils ont un point commun: une vie dédiée à l'art, à "leur art". Caravage a su mettre à profit sa position privilégiée au sein des ecclésiastiques influents de Rome, Picasso a compris l'importance des marchands d'art et a su choquer le publique pour attirer sur lui toutes les attentions. Et dans les deux cas leur génie et leur personnalité à part s'ajoutent à leur oeuvre créatrice, faisant de ces hommes des piliers de l'art mondial.

Une autre caractéristique les unie: une force de travail hors du commun. Si internet avait existé à leur époque respective, pas certain que leur destin eut été si différent, car leur soif créatrice et la recherche permanente furent le moteur essentiel de leur vie.

La perversité de la divulgation aisée

S'attirer les faveurs de quelques galeristes de renom n'est pas chose facile, mais n'est-ce pas précisément ce qui contribue (ou devrait contribuer...) à une meilleure sélectivité et en tous les cas à une recherche de l'excellence, poussant ainsi les artistes a toujours se surpasser d'avantage ?

Car oui, il est bien que le plus grand nombre de créateurs puissent faire connaître leur production, mais devant une telle facilité d'affichage la qualité qui permettait la sélectivité a disparu, laissant le champ libre et un espace autrefois cher payé à des productions à la qualité plus que douteuse.

Une vie de travail acharné pour, peut-être, une reconnaissance ultime

Même si la célébrité n'est pas toujours au rendez-vous, le grand accomplissement d'une existence d'artiste est une quête perpétuelle visant à améliorer sans cesse la qualité présentée, une volonté farouche de vivre de et pour son art et l'envie appliquée dès la plus tendre enfance de ne pas avoir l'existence stéréotypée de ses contemporains.