Le mors est un moyen coercitif presque aussi ancien que l'équitation. On date son apparition aux environs de l'an 1000 av. J.-C. Les phéniciens, grands commerçants, l'auraient importé en Europe. D'abord en bronze, droit, d'une seule pièce, il sera fabriqué en fer vers 750 av. J.-C. De grands guerriers cavaliers tel qu'Attila contribuèrent à l'amélioration de cette pièce de harnachement. Lors de sa fuite vers le nord en 451, il abandonna des exemplaires de mors à canons doubles qui ne manquèrent pas d'inspirer les Francs. Il faudra attendre le XVIº siècle pour voir la naissance du mors à canon creux et brisé avec bossette, mis au point par Monsieur de Connétable, premier officier de la maison du roi.

Jusqu'à l'époque de François Baucher (1796-1873) qui mit au point son filet et établit les critères du mors idéal en présentant le mors Saumur ou mors à pompe, l'accessoire n'avait guère changé.

Placé dans la bouche du cheval afin de le conduire et contrôler son allure

En agissant par contact direct à la bouche, le mors est choisi en fonction du cheval et des objectifs équestres. Ce dernier doit être le plus doux possible afin de ne pas blesser et engendrer une contrainte exagérée. Indépendamment de l'action mécanique exercée sur la langue, les commissures des lèvres, les barres et le nerf mandibulaire, la main du cavalier reste un élément déterminant pour une utilisation mesurée et respectueuse de la monture.

Les zones d'action du mors sont plus ou moins sensibles et par l'effet combiné de la main du cavalier et la réaction mécanique de l'accessoire, le message transmis se matérialise par une pression plus ou moins douloureuse.

Moyen coercitif ou communication tout en douceur, le choix est possible

Le mors est, de par sa conception et son utilisation, un moyen de convaincre par la force.

Même si la main du cavalier est légère et l'effet sur les rênes parfaitement maîtrisé, il n'en demeure pas moins que le message transmis est une contrainte impliquant plusieurs parties de l'anatomie du cheval. C'est ainsi que la tige vertébrale sera sollicitée, la mâchoire inférieure étant unie au crâne par les deux articulations temporo-maxillaires.

On comprend donc la nécessité de faire qu'un cheval "soit bien dans sa bouche". Il n'est pas question ici de faire le procès du mors, mais simplement insister sur la nécessité d'une excellente écoute et d'une responsabilisation totale du cavalier. Un choix important et varié peut répondre à toutes les utilisations spécifiques. Il convient donc d'être attentif et conscient des dégâts que peuvent occasionner la mauvaise utilisation et une sélection mal adaptée.

Depuis de nombreuses années des cavaliers ont opté pour l'équitation sans mors et cette approche différente fait de plus en plus d'émules. Même s'il semble très improbable que la pratique de l'équitation de haut niveau puisse se faire sans le mors, il n'en demeure pas moins que l'équitation de loisir peut fort bien se passer de cet accessoire.

Licol éthologique, hackamore, sidepull, bien d'autres matériels peuvent parfaitement se substituer aux mors classiques. Cela implique une autre approche de la discipline équestre et un programme particulier dans une recherche toujours plus poussée visant à la compréhension et au respect mutuel total du cavalier et de sa monture. Car finalement, l'objectif n'est-il pas de faire corps avec son cheval afin que l'équitation, ce partage intime, trouve sa plénitude dans un plaisir partagé ?