Connaître notre compatibilité amoureuse précise avec quelqu’un, qui n’en a jamais rêvé ? Sophie Martin et William K, réalisateurs de « Je suis branché(s) », lauréats du Prix des Médias au Nikon Film Festival, présentent une fine intrigue amoureuse et futuriste, teintée de politique. Rencontre.

Christelle Cozzi : Quelle a été la Genèse du projet ?

Sophie Martin : Will était mon chef opérateur pour l’édition 2016 du Nikon, je voulais qu’il soit co-réalisateur cette année. Nous sommes partis sur plusieurs idées, mais l’idée du futur nous est venue naturellement.

Le rôle central de l’application de rencontre et la jauge de compatibilité a également été vite retenue. C’était une évidence de prendre Caroline Fauvet [actrice principale, ndlr], c’est une excellente actrice qui peut jouer qui elle veut, elle a une très forte sensibilité. Nous avons beaucoup été soutenus, financièrement comme humainement. Au total, le film a couté 1 500 euros. L’appartement nous a été prêté par des voisins, que nous avons véritablement déshumanisé pour créer l’ambiance du bar. Nous aurions eu plus de temps, nous aurions dénoncé l’impact des réseaux sociaux sur nos vies.

William K : Nous avions imaginé plusieurs idées de scénario. Nous pensions d’abord à deux personnes attachées à un arbre qui ont 2 minutes pour se connaître, mais nous ne trouvions pas vraiment de finalité à tout cela.

En 2min20, la majorité de nos plans de base étaient trop compliqués à mettre en place. Nous voulions faire quelque chose de cohérent, nous avons donc misé sur le vraisemblable. Nous avons transposé certaines de nos anciennes idées dans le scénario actuel. La compatibilité entre les gens fait partie de la rencontre pour moi.

1984 et Black Mirror ont été mes inspirations. Les effets spéciaux ont été simples à faire car nous nous sommes bien organisés à l’avance. Leurs petits téléphones ont été d’abord conçus en plexiglass, puis en verre. Nous avions déjà imaginé toute la mise en scène. Il a seulement fallu numériser la fausse interface et suivre le mouvement des téléphones.

Christelle Cozzi : Quel est votre ressenti sur le Nikon Film Festival ?

SM : L’an dernier, je ne m’attendais pas à être sélectionnée. Cette année, j’ai douté en raison de la qualité des films mais j’étais plus confiante tout de même. Heureusement, Will m’a beaucoup remonté le moral en me disant qu’il fallait y croire. En revanche, je n’avais absolument aucune idée du prix que nous pouvions potentiellement gagner. Ce festival, c’est du bonheur : tout le monde est sympa, personne ne se la raconte et il y a du niveau ! On est un duo original, on joue là-dessus. A mes yeux, Nikon a voulu sélectionner des films très différents pour mixer des styles.

WK : Quand l’on fait un film, on est particulièrement dur avec nous-même.

Pour ma part, j’avais pour objectif d’être dans les 50 présélectionnés. Je ne viens pas du tout du milieu du Cinéma, je suis issu du monde de l’informatique. Je ne savais pas donc quoi penser de ma réalisation étant donné que c’était ma première. Ce que j’apprécie beaucoup dans le Nikon, c’est que même si tout le monde n’est pas sélectionné, cela donne une bonne visibilité aux nouveaux talents.

Christelle Cozzi : Quels sont vos projets pour la suite ?

SM : Nous voulons faire vivre ce film en festival, nous avons déjà quelques sélections. Nous avons d’ailleurs envoyé une version longue avec 20 secondes supplémentaires. J’ai 3 tournages cette année, dont mon 1er long-métrage, Arda en Turquie, au Liban et en France.

Ce sera un film de femmes produit par Dunk Films. Je veux retravailler avec Will pour une fiction plus longue et plus profonde, certainement dans le même sujet. Ce que j’aime chez Will, c’est notre différence d’aborder les choses. Si je travaille avec lui, c’est pour mettre une claque.

WK : Même si j’ai mis de l’argent personnel, j’étais très fier à la fin du tournage. Je serai chef opérateur prochainement. Cela m’a donné un bon aperçu de ce qu’était le cinéma. J’ai envie de continuer l’expérience de la réalisation. Je suis vraiment fan du Nikon.