Deux poids, deux mesures. Nombre de justiciables soupçonnés de faits de délinquance bien moindre que ceux visant le couple Fillon se retrouvent en garde à vue, puis en détention provisoire. Mais non point François Fillon ou Penelope Fillon. Bizarre autant qu'étrange ? Non, c'est la même justice d'avant Colbert, une justice régalienne, parfois servile. Au point que Penelope Fillon ne soit pas inculpée d'escroquerie aggravée, de faux et d'usages de faux, mais uniquement de "complicité et recel de détournement de fonds publics". Aussi, tellement cela paraît flagrant, de simple "complicité et recel d'abus de bien sociaux et recel d'escroquerie aggravée".
Une justice à deux vitesses, deux critères d'appréciation. Les "juges gris" ne sont donc ni "roses" et encore moins "rouges". Bien, tentons plus sobrement d'analyser le rapport de forces entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Pour les magistrats, le risque était d'aller trop loin, de voir la future majorité législative s'alarmer de leur pouvoir trop accru à ses yeux. Un réflexe corporatif fait qu'une Penelope Fillon, qu'un François Fillon, ne soient pas traités comme d'autres simples justiciables. Philippe Bilger, magistrat honoraire, me contredira ou non. J'imagine qu'il s'abstiendra. Soyons sincères : ni Penelope Fillon, ni Marc Joulaud, n'ont su s'opposer au sieur Fillon. Qui leur a fait sans doute signer ce qui l'arrangeait, d'où l'enquête pour faux et usage de faux.
Mais la complicité, par sujétion, ne fait aucun doute. Tant mieux si Penelope Fillon échappe aux vomissures, remugles et odeurs d'urine d'une cellule de dégrisement. Et tant mieux si François Fillon échappe aux écoutes ô combien justifiées.
Masque de fer
Marqués moralement au fer rouge réservé antan aux bagnards, aux filles de joie, aux galériens, François et Penelope Fillon y échappent.
Saluons l'avancée d'une société moins rigoriste que sieur et dame Fillon exècrent, et soyons heureux que lettres de cachet et embastillement arbitraires ne soient plus d'actualité, en dépit de la prétendue existence d'un "cabinet noir" élyséen. Convoquée hier matin, Penelope Fillon a été entendue de longues heures, et comme Marc Joulaud, elle a coopéré longuement.
Nul cabinet noir ne la fait soumettre à la question, au broiement des membres, au supplice de l'entonnoir. Ses "complices", tout l'entourage de François Fillon, qui justifient tous les faits délictueux du couple Fillon, ne risquent rien. Il faudrait pourtant les nommer toutes et tous. La liste est trop longue. Mais le décompte est dressé. Non par des délations anonymes, mais du fait de déclarations publiques. L'opprobre s'étend. Elles et ils ont tout justifié, tant Penny Fillon (ou farthing Penelope Kathlyn Clarke), que tout le reste, dont l'ampleur des montants reste à établir. Retenez bien tous ces noms. She's charged and arraigned, alone, en attendant d'être rejointe par son fils et sa fille.
Le Penelopegate est une affaire familiale très étendue : n'oublions jamais qui l'a d'avance exempté de peine, qui, comme Bruno Retailleau et tant d'autres, s'est roulé, souillé, vautré dans cette fange. C'est la lie de la Nation. Il y en eu d'autres, auparavant. On associera désormais par exemple Valérie Pécresse et Maurice Papon. NKM et Klaus Barbie. Françaises et Françaises auraient la mémoire courte ? Pas toutes et tous. Si nos parents avaient su, au lieu de faire la Résistance, se seraient-ils livrés au marché noir qui enrichit les Fillon ? On ne sait, mais avec leur exemple, celle de Penelope et François Fillon, la tentation aurait été grande.