Aimer Follement. Aimer la folie, aimer à la folie, aimer comme un fou, aimer des êtres fous, aimer à en perdre la raison.
C’est ce que nous enseigne Olivier Bourdeault à travers une histoire qui sonne parfaitement juste pour ceux qui vivent de passion, d’entièreté, de légèreté, d’émotion totale voire totalitaire. L’amour est au cœur du roman comme une évidence qui n’est ni nommée, ni décrite, ni analysée. Il est là comme ciment naturel d’une famille nucléaire qui pourrait être ordinaire mais qui se révèle exceptionnelle.
Fantasque et bordélique, la vie de ce trio n’en est que plus poignante
Ce roman nous entraîne au cœur de la vie d’un couple, qui devient une famille avec pour personnage centrale la maman. La mère, la femme, l’amie qui rythme le quotidien, les années, en vrai conductrice de montagnes russes. La routine et le calme lui sont étrangers au profit d’une folie quotidienne : un prénom différent pour chaque nouvelle journée, une grue de Namibie en guise d’animal de compagnie, une capacité à oublier tout rapport à la contrainte pour laisser place au champagne et à la danse. Ce feu follet est protégé et chérie par trois hommes : le mari ; le fils et l’ami qui seront partie prenante de ce phénomène malgré une conscience aigüe de la brièveté qu’implique une telle existence.
Deux narrateurs aussi touchants l’un que l’autre
Cette amusante vie est racontée par moments par le père, le mari, l’amoureux inconditionnel, ce récit est désarmant de beauté devant cet amour illimité. Puis c’est au tour du fils de raconter, ce petit garçon qui vit dans une réalité décalée avec une conscience terrifiante de son monde divisé entre un vie familiale surréaliste, et une clairvoyance quant à la vie d’écolier.
Il est au cœur d’un jeu de dupes qui s’établit entre les deux univers par amour pour ses parents, par passion pour sa mère.
Ce joyeux bordel se grise doucement, en finesse avec toujours autant d’amour jusqu’à ce que la folie au sens stricte emporte sa muse.
Sortir de cet univers, c’est avoir envie d’aimer sans limites tout en affrontant une réalité qui peut être dramatique.
L’écriture est fine, légère, poignante sans attiser de superficiels sentiments. Ce petit roman se dévore à une vitesse folle, tout en étant bercé par la chanson de Nina Simone « En attendant Bojangles » Nina Simone - Mr Bojangles au rythme de laquelle la mère chavire à chaque instant.