Le Royaume-Uni ne sera pas à moitié dans l’Europe continentale et à demi au large, et même si Theresa May n’a pas voulu évoquer un Brexit ‘’dur’’ (hard, opposé à soft), c’est bien de cela qu’il est question. Selon la Première ministre, le Royaume-Uni va rechercher un partenariat d’égalité, excluant celui pour lequel la Norvège ou la Suisse ont opté. Si le Royaume-Uni entend commercer avec le continent le plus librement possible, en cas de mesures trop contraignantes lui étant opposées, il pourrait se transformer en paradis fiscal en réduisant au minimum les taxes sur les entreprises.

Progressivement, le Royaume-Uni se retirera non seulement de l’Union européenne, mais aussi de la Cour de justice. Theresa May évoque un plan en douze points qu’elle détaillera ce mardi. Parmi lesquels figurera l’instauration de visas pour les résidents de l’Union européenne envisageant de s’établir outre-Manche. Mais les trois millions de citoyens des pays membres résidant actuellement au Royaume-Uni ne seront pas soumis à des mesures particulières, si et seulement si la réciprocité s’applique aux Britanniques ayant choisi de résider dans l’Union européenne.

Une économie solide

En dépit de la chute de la livre sterling, l’économie britannique est restée en croissance et les projections laissent envisager un taux de 1,5% pour 2017.

Theresa May, qui s’exprimait lundi en soirée devant le corps diplomatique, n’a pas divulgué le détail des 12 points évoqués, mais certains viseront à rassurer l’Écosse et l’Irlande du Nord, et aussi les universités soucieuses de conserver l’apport des droits d’inscription de très nombreux étudiants étrangers. Mais le gouvernement écossais pourrait entamer le processus conduisant à un second référendum sur l’indépendance.

Annoncer une feuille de route déclinée en douze points est une chose, faire en sorte qu’ils soient énoncés d’une manière suffisamment explicite en est une autre. Selon un sondage publié par The Independent, l’exposé d’un plan en 12 objectifs relevant de quatre principes essentiels n’est pas vraiment perçu limpide par une majorité de Britanniques.

Un quart seulement des répondants considèrent que la Première ministre a une idée très claire de l’avenir. Il en est de même pour les parlementaires de sa majorité et de l’opposition. Qu’en sera-t-il pour des dispositions pour les entreprises aéronautiques, et pour tant d’autres secteurs, s’interrogent parlementaires et dirigeants d’entreprises. Ses déclarations ont été interprétées diversement, et même de manières très contrastées. The Times a estimé que, pour calmer les marchés financiers, elle a édulcoré ses propos, tandis que certains titres plus proches des conservateurs favorables à un Brexit ‘’dur’’ semblaient rassérénés. Mais le caricaturiste Matt, du Telegraph, résumait l’opinion prévalent avec un couple s’interrogeant : ‘’Si seulement Poutine pouvait pirater les documents sur le Brexit et nous dire ce qui se trame…’’.

Si son ‘’plan B’’ consiste à transformer le Royaume-Uni en un paradis fiscal, l’UE se retrouvera au pied du mur : tant vis-à-vis de l’ex-partenaire que des États-Unis de Donald Trump, du Canada, de l’Australie, mais aussi de la Chine et du Japon…