Visiblement, les Polonais ne sont pas du même avis que le président Macron concernant leur gouvernement. Ce dernier, qui avait soutenu en août que « le peuple Polonais méritait mieux », se voit présenter un démenti par l’opinion publique polonaise. En effet, les récentes enquêtes, notamment celle menée par l’institut CBOS révèlent une augmentation record de la popularité du gouvernement du parti Droit et Justice (PiS en polonais), mené par Beata Szydło. Avec 52% d’opinions positives (+2% depuis août), deux ans après son entrée en fonction, et seulement 30% d’opinions négatives, il semble que les différentes controverses qui ont touché le gouvernement de PiS ne l’aient que légèrement ébranlé.

En face, le constat est bien différent. En effet, le principal parti d’opposition, Plate-Forme Civique (PO en polonais), dont est issu le Président du Conseil Européen Donald Tusk, ne jouit pas quant à lui d’une telle popularité.

Selon les dernières enquêtes d’opinion, les intentions de vote en faveur de PO varient entre 16% et 20%, quand le parti au pouvoir oscille entre 39% et 44% (c’est-à-dire au-dessus du score de 37.6% qui leur avait donné la majorité absolue des sièges dans les deux chambres du Parlement en 2015). L’autre grand parti de l’opposition, nommé Moderne, est quant à lui retombé à des niveaux variants entre 6% et 11% d’intentions de vote, après avoir des niveaux proches de 24% d’intentions de vote à la fin de l’année 2016.

Pologne: Immigration, Europe, politique économique et sociale... Les raisons du succès

Plus que ces statistiques, ce qui importe est de comprendre ce qui a entraîné cette nouvelle hausse de popularité. Le premier facteur est le refus systématique des quotas d’accueil de migrants que veut imposer l’Union Européenne. En accord avec la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie (qui forment avec la Pologne le Groupe de Visegrád), le gouvernement de PiS s’est attiré les foudres des dirigeants européens en maintenant sa position.

Il faut noter que les études d’opinions révèlent que près des trois quarts des polonais sont opposés à ces quotas de migrants et d’accueil de demandeurs d’asile, et ils sont même une majorité parmi les sympathisants des partis de l’opposition.

Le deuxième facteur est la réussite d’une politique économique, sociale et budgétaire volontariste.

Il faut noter en premier lieu que le gouvernement a mis en place pour la première fois depuis la chute du régime communiste des allocations familiales, avec pour objectif de relancer la natalité, mais qui ont aussi permis de réduire de 90% l’extrême pauvreté dans le pays, qui touchait surtout les familles nombreuses. De plus, la politique économique, qui se concentre sur la réindustrialisation, a permis de redynamiser le pays, avec une croissance prévue pour 2017 réhaussée par l’Agence Moody’s de 3.2% à 4.3%, et un taux de chômage à 7%, au plus bas depuis 1991, alors même qu’une augmentation du salaire minimum a été décidée. Enfin, le gouvernement a réussi à voter un budget qui se rapproche de l’équilibre, grâce à une lutte acharnée contre la fraude sociale et fiscale, alors même que les dépenses publiques ont augmenté. Le peuple polonais mérite peut-être mieux, mais pour le moment, ils se satisfont visiblement bien de cette situation.