Beaucoup de Français ne savent même pas qu'aujourd'hui se tient un scrutin visant à renouveler la moitié des sièges du Sénat. Pourtant, ce scrutin revêt une importance particulière. En effet, ce scrutin est un test pour le Président Macron vis-à-vis des grands électeurs qui sont appelés aux urnes. Composé à 95% de représentants des Conseils Municipaux, mais aussi des députés, sénateurs, conseillers généraux et régionaux, le collège électoral appelé à se prononcer aujourd'hui va devoir pourvoir 171 des 348 sièges du Sénat. En effet, la particularité du scrutin sénatorial tient tout d'abord au fait qu'il s'agisse d'un suffrage universel indirect, mais aussi au fait qu'il ait lieu seulement pour renouveler tous les 3 ans une moitié du Sénat, portant à 6 ans la durée de mandat des sénateurs.
L'autre singularité vient du fait que le mode de scrutin est différent d'un département à un autre. En effet, dans les départements où sont élus 1 ou 2 sénateurs (19 départements concernés aujourd'hui pour élire 35 sénateurs en tout), le scrutin se tient au scrutin majoritaire à deux tours, alors que dans les départements où sont élus 3 sénateurs ou plus (26 départements aujourd'hui, pour pourvoir 136 sièges), le scrutin est proportionnel. Notons également que la totalité du scrutin se tient aujourd'hui. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h30 ce matin dans les départements où se tient un scrutin majoritaire, et ont fermé à 11h pour le premier tour. Le second tour se tiendra de 15h30 à 17h30. Pour les autres départements, le vote se tient de 9h à 15h.
Dès ce soir, les résultats seront ainsi connus.
Dernier fait remarquable sur ce scrutin, les près de 80 000 grands électeurs aujourd'hui convoqués ont une obligation légale de voter. Dans le cas contraire, ils peuvent se voir infliger une amende de 100€. Toutefois, une indemnisation forfaitaire est prévue pour couvrir leurs frais de déplacement dans le chef-lieu de leur département: 25€ par électeur.
Les enjeux pour le gouvernement et l'opposition
Les enjeux de ce scrutin ne semblent pas être cruciaux. Pourtant, ces sénatoriales revêtent un aspect important, tout autant pour la majorité du Président que pour l'opposition. Du coté de la République en Marche, sur les 29 Sénateurs qui ont créé le groupe, 19 remettent aujourd'hui en jeu leur mandat.
L'objectif affiché par le parti de la majorité n'est pas d'obtenir la majorité au Sénat, mais de consolider son groupe avec un chiffre évoqué entre 40 et 50 sièges. Peut-être que les élus municipaux tiendront rigueur au président Emmanuel Macron de son souhaite de réformer la taxe d'habitation.
Pour la gauche, l'enjeu est aussi important puisque le groupe Socialiste, qui compte à ce jour 86 sénateurs, remet aujourd'hui en jeu 46 sièges, et les défaites lors des dernières élections locales, et surtout municipales de 2014, pourraient, à rebours, avoir des conséquences très importantes. De même, ce décalage de 3 ans entre les deux moitiés du Sénat pourrait permettre à la droite, tout autant pour Les Républicains que pour l'UDI, de progresser, profitant de la moisson de sièges lors des mêmes scrutins intermédiaires du dernier quinquennat.
Pour le Front National par ailleurs, qui a réussi à faire élire deux sénateurs en 2014, l'espoir est réel de faire entrer au Palais du Luxembourg un troisième élu aujourd'hui, en la personne de Christopher Szczurek, tête de liste FN dans le Pas-de-Calais. Enfin, le groupe Communiste au Sénat, qui compte 18 membres, pourrait ressortir très affaibli de cette journée, puisque 16 des sénateurs du groupe sont aujourd'hui concernés par le scrutin. Il est d'ailleurs bon de noter que la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon ne présente pas de liste propre, de même que le parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, qui en avait tout de même présenté dans certains départements en 2014. Les résultats, connus ce soir, donneront une première idée de la façon dont les élus locaux jugent l'action du président.