Lundi soir dernier, sur la chaîne M6, était diffusé l’émission « Appel à témoins », présentée par Julien Courbet et Nathalie Renoux, qui est revenue sur l’affaire de la disparition, le 14 décembre 2017 à Nantes, de Léa Petigas. Où en est cette affaire ? Quelles en sont les pistes récentes ? Synthèse, avancées et appel à témoins du procureur de Nantes, Renaud Gaudeul.

Les faits

Il est entre 8 h 15 et 9 h 10, ce 14 décembre 2017, quand Léa Petigas, née le 6 août 1997, à Nantes, quitte son petit appartement de la rue La Motte-Picquet, où elle réside depuis le mois d’août de cette même année.

Le jour se lève à peine, le temps est froid et orageux. Léa est habillée chaudement d'une parka kaki, d'un jean, ainsi que d'une écharpe et d'un bonnet blanc. Elle porte probablement également un petit casque audio blanc sur les oreilles. Léa doit emprunter les transports en commun du réseau TAN (Transports en commun de l'Agglomération Nantaise), en l’occurrence la ligne 23 (Haluchère - Batignolles), pour se rendre à la maison de quartier Halvêque-Baujoire, à une dizaine de kilomètres, au nord-est de la ville, où elle est missionnée pour une recherche historique. Aux environs de 8 h 30, Léa connecte son téléphone, en wifi sur la box de ses voisins. Son téléphone continue à borner jusqu’au environ de 10 h 30 dans le quartier Canclaux, où se trouve la rue La Motte-Picquet.

Ce sont les dernières traces connues de Léa, qui se volatilise. Aucun témoin ne l’aperçoit, ni dans les transports en communs, ni dans la rue, ni d’une fenêtre, et le bornage de son téléphone est trop large et imprécis pour que les données ne soient exploitables par la PJ de Nantes. L'exploitation des caméras de vidéosurveillances, tant de la ville, que des transports en commun, n'apporte aucun élément probant non plus.

L’enquête

Le 16 décembre 2017, ayant prévu de passer la soirée avec Léa, une amie à elle se présente à son domicile, où personne ne répond, les deux chatons de Léa miaulant derrière la porte. Très inquiète, elle fait alors le tour de leurs ami(e)s, ainsi que de la famille de Léa. Personne n’a de nouvelles d’elle depuis le 13 décembre 2017, où elle a passé la soirée, avec un ami, à dessiner.

Cet ami indique avoir quitté l’appartement aux environs de 23 h 30. Il s’agit de la dernière personne à avoir vu Léa. Le 17 décembre 2017, dans l’après-midi, cette jeune fille se rend alors au commissariat de Nantes pour signaler la disparition de Léa.

Après avoir été interrogé, l’ami de Léa sera lavé de tout soupçon. « Aucune trace de lutte, ni même de blessures n'ont été découvertes dans l’appartement de Léa […] Aucun des voisins n’ayant entendu de bruits suspects cette nuit-là », selon Séraphia Scherrer, commissaire de police. Tout en menant en parallèle des investigations concernant certaines incohérences de proches de Léa, où quelques tensions étaient présentes, ainsi que son petit ami, avec lequel Léa était en instance d’une séparation difficile, les enquêteurs qualifie cette disparition d’inquiétante et diffuse un avis de recherches.

Les pistes concernant son entourage se refermant, une information judiciaire sera finalement ouverte, courant du mois de décembre 2017, pour « enlèvement et séquestration ».

La piste d'une mauvaise rencontre privilégiée

En janvier 2018, une jeune femme se présente à un chauffeur-routier, porte d’Aubervilliers, lui demandant s'il peut la transporter quelque part. Il la décrit comme de petite taille, et ajoute qu’elle lui explique qu’elle est Nantaise et a quitté la ville suite à des problèmes d’argent. Il refuse sa demande, mais ne redémarre pas immédiatement. Il voit alors un scooter approcher cette jeune fille qui engage la conversation avec son pilote. Elle monte sur ce scooter qu’il voit partir en direction de la banlieue parisienne.

Intrigué, ce chauffeur-routier note l’immatriculation de ce scooter sur un papier. Quelques jours plus tard, et suite au signalement de la disparition de Léa, il se rend au commissariat de Nantes, auprès des enquêteurs, et signale les faits dont il a été témoin. Il n’est malheureusement plus en mesure de fournir le numéro d’immatriculation du scooter, ne le possédant plus, et est très hésitant sur la taille de la jeune fille, qu’il décrit plutôt comme de taille moyenne, environ 1,70 m, alors que Léa est de taille assez petite : 1,47 m. Cette piste n’est toutefois pas refermée, les enquêteurs gardant sous le coude l’hypothèse de la mauvaise rencontre, et la considèrent, encore aujourd’hui, comme très sérieuse.

La piste François V. : Léa victime d’un crime ?

C’est en janvier 2021, trois ans et demi après les faits, qu’une nouvelle piste sérieuse s’ouvre enfin. Les enquêteurs retournent rue La Motte-Picquet pour interroger les voisins, munis cette fois d’une photo. Il s’agit de celle de François V., mis en examen pour le viol et le meurtre d’une adolescente nantaise de 15 ans, le 20 août 2020, à 4 km du domicile de Léa. François V., condamné en 2005 dans la Vienne à 18 ans de prison pour douze viols et tentatives de viols et pour une agression sexuelle, a été libéré en 2016. Selon Christophe Petigas, le père de Léa, François V. contesterait avoir une responsabilité dans la disparition de Léa. Les investigations ne donneront rien de probants, toutefois, concernant cette piste « elle n’est pas totalement refermée », indique le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul.

Piste récente

Lors de sa déclaration, dans l’émission « Appel à témoins », émission diffusée lundi dernier, sur la chaîne française M6, Renaud Gaudel, le procureur de Nantes, indique :

« La première hypothèse, c’est celle de cette disparition volontaire, et dans ce cadre-là, nous aurions besoin de témoignages de personnes ayant pu fréquenter Léa au cours de l’année 2017, c’est-à-dire peu avant sa disparition. Le contenu de leurs conversations pourrait en particulier nous apporter des éléments quant à ces centres d’intérêts. Nous travaillons également depuis peu sur une autre hypothèse qui serait celle d’une disparition ailleurs en Europe. Il serait pour nous extrêmement précieux de pouvoir obtenir des témoignages de personnes ayant pu trouver quelqu’un ressemblant à Léa Petigas ailleurs en Europe, et en particulier en Angleterre.

Je rappelle que Léa se caractérise en particulier par sa petite taille 1,47 m.»

Si vous détenez ou bien pensez détenir la moindre information concernant cette affaire, les contacts sont les suivants :

Antenne de Police Judiciaire de Nantes :

02 53 46 75 00 ou 06 13 83 30 97 ou 06 43 16 18 24

Concernant l’émission de M6, « Appels à témoins » :

Téléphone : 0800 10 11 21

Adresse Email : appelatemoinsm6@interieur.gouv.fr