Joseph-Thomas Recco, dit Tommy Recco, l’auteur de la tuerie au Mammouth de Béziers (Hérault), le 22 décembre 1979, puis d’un triple meurtre, le 18 janvier 1980, à Carqueiranne (Var), a vu sa 21e demande de libération conditionnelle rejetée le 1er février dernier. Aujourd’hui âgé de 88 ans, il est le plus âgé et le plus ancien détenu de France. Récit chronologique de cette terrible affaire.

Les faits

Le 28 octobre 1960, à Propriano (Corse), Joseph-Thomas Recco, dit « Tommy Recco », âgé de 26 ans, est en train de pêcher à la dynamite avec son jeune frère, sur une plage.

Surpris par un garde maritime, qui s’avère être également leur parrain, Tommy Recco va lui tirer dessus avec un fusil, puis l’achever à coups de crosse et de pierre. Le 8 décembre 1962, Joseph-Thomas Recco est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises de Bastia (Corse). Il bénéficie d’une libération conditionnelle en 1977.

Le 22 décembre 1979, à Béziers (Hérault), dans la salle de comptage du Mammouth de la ville, Tommy Recco abat trois caissières : Sylvette Maurel, 27 ans, Renée Chamayou, 28 ans et Josette Alcaraz, 27 ans, chacune d’une balle dans la nuque, pour s’emparer de la recette du jour, d’un montant de 700 000 francs. L’enquête s’avère difficile, très peu d’indices permettant de retrouver le ou les auteurs.

Toutefois, le mode opératoire consistant à abattre les 3 victimes de dos, d’une balle dans la nuque, font penser à une exécution, et probablement à un ou des coupables déjà connus des services de police. Les expertises déterminent également le type d’arme utilisée pour cette tuerie : un Smith & Wesson calibre 38. Cet élément et le mode opératoire des exécutions s’avéreront majeurs pour la suite de l’enquête.

Le 18 janvier 1980, à Carqueiranne (Var), Tommy Recco abat 3 personnes : Gilles le Goff, 46 ans, sa fille de 11 ans, Sandrine le Goff, ainsi qu’un voisin, Jacques Coutrix, 59 ans. Il expliquera au cours de l’enquête avoir eu un différend avec Gilles le Goff au sujet d’une arme à feu lorsque qu’une dispute a éclaté, ce qui l’amènera à l’abattre, ainsi que sa fille.

C’est cette dernière, qui, apeurée, avait tenté de joindre sa mère au téléphone, employée d’un foyer pour enfant, à Hyères (Var). Sa mère ayant déjà quitté son lieu de travail, c’est la directrice de ce foyer qui entendra la fillette lui déclarer au téléphone que son père est en train de se disputer « avec le cousin de René ». René est un ami de Gilles Le Goff, qui présente Tommy Recco comme son « cousin ». Prévenu, un voisin, Jacques Coutrix, se rend alors au domicile de Gilles le Goff. Il sera également abattu par Tommy Recco. Les expertises vont déterminer que l’arme ayant servi à ces trois homicides, un Smith & Wesson calibre 38, ainsi que le mode opératoire, consistant à abattre les victimes d'une balle dans la nuque, sont les mêmes que lors du braquage et du triple meurtre du Mammouth de Béziers, quelques semaines plus tôt.

Tommy Recco est rapidement soupçonné, interpellé et interrogé. Il nie d’abord en bloc, avant de finalement tout avouer, puis de se rétracter le lendemain. C’est en mai 1980 qu’un témoin apportera alors un témoignage capital : à la suite de la parution de la photo de Tommy Recco dans la presse, ce témoin affirme qu'il était présent dans le Mammouth le jour de la tuerie et avait un comportement bizzare. Ce témoin reconnaîtra formellement Joseph-Thomas Recco lors d’un tapissage. L’enquête déterminera également que quelques jours plus tôt, Tommy Recco avait livré une combinaison de plongée dans ce même magasin, et que c’est probablement à ce moment-là qu’il aurait repéré les lieux avant de passer à l’acte.

Procès et condamnation

C’est le 6 juin 1983 que s’ouvrira le procès de Tommy Recco, qui nie toujours les faits dont il est accusé, devant la cour d’assises de Draguignan (Var). Les experts-psychiatres le déclarent responsable de ses actes, et c’est finalement le 14 juin 1983, que Joseph-Thomas Recco, dit Tommy Recco, sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans. Détenu depuis à la prison de Borgo (Haute-Corse), Tommy Recco, libérable depuis janvier 1998, date de fin de sa peine de sûreté, multiplie depuis les demandes de libérations conditionnelles.

Le 1er février 2022, la 21e demande de libération conditionnelle de Joseph Thomas Recco, dit « Tommy Recco», dit « Géronimo », âgé aujourd’hui de 88 ans, est rejetée. Il reste donc en prison, et demeure, à ce jour, le plus âgé et le plus ancien détenu de France.