Invité par les Républicains à venir s'exprimer au Congrès mardi 3 mars, le premier ministre Israëlien a déclenché une importante vague de critiques après son discours. Si la chose peut paraître surprenante au vu des relations diplomatiques très proches qu'entretiennent Israël et les Etats-Unis, elle l'est beaucoup moins lorsque l'on se penche sur les détails entourant cet événement.
Si Benyamin Netanyahou a entrepris ce déplacement, c'est pour tirer la sonnette d'alarme au sujet du nucléaire iranien alors que se préparent d'importantes négociations à ce sujet entre Barack Obama et Hassan Rohani.
Nétanyahou n'a eu de cesse de dissuader le groupe P-5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) de ficeler a un accord sur le nucleaire iranien qui plongerait Israël dans un grand péril: « Mes amis, pendant plus d'un an on nous a dit qu'aucun accord était préférable à un mauvais accord. C'est un mauvais accord, le monde se portera mieux sans lui. [...] Le régime iranien représente une grande menace pour Israël, mais aussi pour la paix du monde entier. »
Un discours qui ne fait pas l'unanumité
Une partie des médias américains, pourtant globalement prompts à ne pas pointer négativement du doigt la politique extérieure israélienne, n'a pourtant pas digéré cette intervention considérée comme une volonté explicite d'aiguiller les décisions américaines.
Si les Républicains l'ont accueilli chaleureusement, les Démocrates ont eu un peu plus de mal à garder le sourire.
Nancy Peluso, chef du groupe démocrate à la Chambre des Représentants, a ainsi déclaré avoir été « au bord des larmes » lors de ce discours, tout en ajoutant qu'il s'agissait ici d'une « attristante insulte envers l'intelligence des Américains.
» Il est à noter que 55 représentants démocrates n'y ont pas assisté, et que Barack Obama n'a pas rencontré le premier ministre Israëlien lors de sa visite.
En voulant démontrer qu'un accord entre les USA et l'Iran serait catastrophique pour Israël, l'Amérique et le Monde, Netanyahou a mis en avant des notions contradictoires dans son discours, mêlant ainsi la faiblesse diplomatique iranienne, tout en insistant sur sa présumée force militaire à endiguer au plus vite.
Si le début du discours se voulait conciliant à travers l'énumération des points positifs réalisés et acquis entre les deux pays depuis 2009 et l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, la suite ne ressemble finalement qu'à une suite d'instructions à suivre adressée au pouvoir américain, ce qui a particulièrement déplu aux observateurs locaux.
Réactions en chaîne
Sur le plateau de CNN, Guy Ziv de l'American University a déclaré qu'il « ne pense pas que ce speech va faire du mal au programme nucléaire iranien, mais qu'il en fait déjà beaucoup aux relations entre Israël et les USA. » Un des chroniqueurs phares du New York Times, Thomas Friedman, a quant à lui écrit dans son billet d'humeur : « Je ne sais pas si je vais soutenir un éventuel accord avec l'Iran, mais je n'aime pas quand mes représentants ovationnent un mauvais dirigeant d'un pays étranger, qui essaye de torpiller les négociations réalisées par mon propre gouvernement.
»
Les critiques n'ont pas non plus omis de souligner que le fait de ne pas s'exprimer sur la question palestinienne enlevait du crédit à l'intervention du premier ministre, ce dernier fermant ainsi les yeux sur un sujet brûlant.
Si il semble que quelque chose se soit brisé dans l'entente entre les deux pays, il faudra néanmoins du temps avant de réellement pouvoir juger cette sortie de Netanyahou. Les élections parlementaires israéliennes anticipées, prévues le 17 mars, pourront une nouvelle fois faire tourner la roue du jeu diplomatique si le pouvoir venait à changer de mains.