«A quelque chose malheur est bon» dit le dicton populaire. François Hollande doit rassurer les Français après les attentats du vendredi 13 novembre en France; le 13, jour de malheur à oublier à tout jamais. Hollande a délivré un message au Congrès qui tient compte de la douleur des Français et de la défense intérieure du territoire France. Le problème est que ces violences innommables, barbares et djihadistes de Daesh envers les populations civiles françaises trouvent aussi leurs explications au Moyen-Orient, en Syrie avec Bachar, en Irak avec la communauté chiite, à Raqqa avec Daesh et dans certains Etats du Golfe et du Proche-Orient comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite.
En toile de fond de tous ces acteurs, on trouve la séparation depuis le 7ième siècle entre les musulmans d’obédience chiite et ceux de culture sunnite. Voici les éléments du débat posés. Essayons de voir comment le Président Hollande a progressivement infléchi sa position. Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères avait une doctrine fondée sur le «ni Bachar, ni Daesh». Hollande était pour le «tout contre Bachar» et il finit par aboutir à une nouvelle option: on va laisser Bachar de côté pour l’instant et tout faire pour éradiquer Daesh qui a porté des coups sévères en France à cause des attentats qui introduisent la peur au sein des opinions politiques européennes. Il faut rejoindre les positions des Russes et Américains qui, au cours du G20 en Turquie, reconnaissent que l’ennemi premier est Daesh et non Bachar.
Hollande va se rendre aux Etats Unis pour rencontrer Obama et aller à Moscou pour discuter avec Poutine sur la stratégie globale à mettre en place. C’est une victoire pour Bachar qui, grâce à son allié russe, va gagner du temps et mettre en place une stratégie de survie par rapport à ses opposants politiques. Hollande a été obligé d’infléchir sa politique que d’aucuns considèrent comme une défaite car sa cible était Bachar alors que la communauté internationale lui dit clairement que c’est Daesh et que le moment de résoudre le cas Bachar viendra après.
Une fois l’accord obtenu entre Poutine, Hollande et Obama, il faudra résoudre un problème essentiel: l’engagement des troupes terrestres pour éradiquer complètement Daesh. Cet engagement doit s’accompagner de la capacité de certains Etats du Proche-Orient, d’obédience sunnite, qui financent Daesh de signer un document à valeur internationale dans lequel ils s’engagent à ne plus le faire.
Tout le monde connait ces Etats et leurs opérations en matière de financement. Soyons naïfs et rêvons tout haut. Une fois la question de Daesh résolue, la présence de Bachar El Assad à la tête de la Syrie va se poser. On n’est pas devin: il n’est pas sûr que la réalité d’aujourd’hui soit celle de demain. Une fois Daesh éliminé, en sera-t-il de même pour Bachardont l’allié russe aura joué un rôle important dans la coalition terrestre contre Daesh si elle advenait un jour ?
La géopolitique des rapports de force des alliances, des mésalliances et des coalitions plus, moins ou non voulues, est telle que les choses importantes ne font que commencer et la France prend acte de la nécessité de changer de stratégie en matière de politique étrangère.
On est sidéré de voir que la question relative à l’unité nationale en France ne fait pas consensus. Ce n’est pas une bonne image que la France renvoie au monde dans un moment difficile. La classe politique française, comme d’habitude, se déconsidère, bavarde et politicienne à souhait. L’inflexion de la diplomatie française montre que, dans la géopolitique actuelle des rapports de force, rien n’est figé et qu’il n’y a pas de honte, comme l’a fait Hollande, à modifier sa position pour mieux l’articuler avec celle de la communauté internationale représentée par la Russie, les Etats Unis et, dans une moindre mesure, la Chine absente au Proche-Orient au plan politique mais présente au niveau du business.