Après quinze jours de négociations intenses dans la ville du Bourget en banlieue parisienne, 195 pays sont d’accord pour lutter contre le réchauffement climatique. Parmi ces pays, 53 Etats africains ont été représentés à un haut niveau et se sont exprimés par la voix de leurs chefs d’Etat. Les Africains ne se sont pas contentés de participer, comme c’est leur habitude, aux débats, ils ont, par leurs contributions et au-delà de la problématique du financement, exposé leurs attentes en matière de stratégie globale de développement durable en liant environnement, écosystème et réchauffement climatique.

Les pays africains sont les moins pollueurs si l’on regarde de façon directe l’Europe, la Chine, l’Inde et l’Union européenne qui à eux seuls contribuent pour 95% à la pollution carbonée dans le monde.

L’accord historique de Paris vise à construire de nouveaux modèles d’organisation et de production économique de biens et services qui utilisent des stratégies de production valorisant un taux bas de carbone. Les pays africains ont réussi à alerter le reste du monde surdeux points.

1er point.

L’Afrique est le continent qui pollue le moins et l’un plus exposé à l’ensoleillement. C’est une chance pour ce continent qui doit réfléchir, grâce l’apport de la coalition mondiale de l’énergie solaire, sur la façon d’implanter les centrales et champs solaires favorisant l’électrification de l’Afrique.

Le plan Borloo reste pour l’instant général, mais ne décline pas suffisamment les mix énergétiques qui doivent être utilisés pour une électrification globale des villes et des campagnes africaines, au-delà de la problématique du financement.

2ème point.

La COP21 déclare qu’un fonds vert de 100 milliards d’Euros, pour financer les problématiques liées à la transition énergétique et aux nouvelles énergies, devienne la règle au moment où l’accord de Paris du 12 décembre sera devenu effectif et produira ses pleins effets en matière d’application une fois ratifié par les différentes représentations parlementaires des pays membres de la COP21.

Les 100 milliards par an constituent un plancher, donc une volonté de la communauté internationale d’accélérer un nouveau modèle de croissance économique qui progressivement va tourner le dos aux énergies fossiles.

A la conférence de la COP21, il n’y a pas eu de divergences fondamentales dans les différentes contributions africaines.

Les problématiques liées au Lac Tchad, à la muraille verte de la Mauritanie à la Somalie, aux questions de la déforestation en passant par les nouvelles urbanisations liées à des démographies importantes, surtout en Afrique de l’Ouest, ont été évoquées dans les ateliers de travail et lors de la réunion rassemblant les délégations africaines. Des questions fondamentales liées à la pollution de l’environnement du fait des compagnies pétrolières et minières et l’impact de cette pollution sur les sociétés civiles, ont été évoquées mais de façon très marginale. Elles sont au creux des questionnements de certains pays comme le Nicaragua qui ont soulevé le dernier jour, 12 décembre 2015, la problématique des indemnisations avant que Laurent Fabius déclare l’adoption à l’«unanimité relative» des résolutions de la COP21 (réchauffement climatique limité à 1,5°, instauration d’une commission de contrôle et de vérification tous les 5 ans, adoption d’un fonds vert de 100 milliards).

La balle est dans le camp des Africains qui doivent réfléchir de façon méthodique sur les plans économiques, fiscales et juridiques, sur la manière d’attirer des capitaux étrangers car si les investisseurs occidentaux ont compris l’importance de favoriser un modèle de croissance fondé sur l’environnement et l’économie verte, ce sont avant tout les capitalistes occidentaux et asiatiques qu’il faut rassurer sur les retours de leurs investissements. Les pays africains doivent réfléchir sur des modèles d’accompagnement de ces investissements en défendant leurs intérêts économiques respectifs.