J'avais évoqué il y a quelques mois mon sentiment concernant la légèreté avec laquelle pas mal de nouveaux arrivants français au Portugal semblaient si peu préparés à un aller sans retour. Selon les chiffres communiqués il y a quelques jours par le Quai d'Orsay, ce sont 73% des français expatriés au Portugal qui refont leur valise. Avec une pointe d'humour je notais la manière peu orthodoxe et si décalée avec laquelle ces nouveaux arrivants prenaient pieds dans leur nouvelle vie (perdaient pieds, pour beaucoup, serait une expression plus juste...).

J'évoquais cette manière bien gauloise de penser que le monde doit se prosterner devant le quidam made in France, peu importait la nature des us et coutumes du pays d'accueil.

 

Nos compatriotes éprouvent de réelles difficultés à s'adapter hors de chez eux...

Le Perrier menthe, le pot au feu, le cassoulet et la choucroute tiennent en otage les aventuriers débutants, mais ici c'est la patrie de la feijoada, du cozido a portuguesa et du vinho verde. Et il faut en passer par ces excellents plats quand on prétend s'implanter au Portugal. Beaucoup ont apparemment de grandes difficultés à vivre loin des compatriotes et les lieux de rendez-vous sectaires voient le jour à chaque coin de rue.

Auparavant nous avions des rues envahies de pubs, dans quelque temps on aura peut être des rues surchargées de brasseries à la parisienne. Nous avons bien eu, il y a une dizaine d'années, deux centres Leclerc à Portimão qui ont fini par fermer leurs portes. Preuve en est de l'intérêt des autochtones pour les produits français !

 

"Parlez-vous portugais, ou bien anglais ? Ah pardon, je vois, vous êtes français..."

L'apprentissage des langues à 20 ans c'est copieux ! Alors avec une quarantaine d'années de plus...  Articuler une langue comme le portugais nécessite beaucoup plus que deux ou trois heures de cours hebdomadaires: "si vous n'avez pas la volonté de parler chaque jour, vous êtes voué à l'échec !

Et ce n'est pas en s'immergeant dans les ghettos français que vous progresserez !" Parole de scout !

 

Le retour vers la mère patrie, ou l'inéluctable destin du peuple nanti.

Ce midi, j'ai dû servir d'interprète à un médecin de l'INEM qui est intervenu prés d'un couple français dont le mari a fait un gros malaise: coup de chaud ! Le monsieur, la soixantaine, s'est trouvé mal, pas habitué à supporter nos chaleurs d'Algarve. Nous sommes loin des passages caniculaires à la française. Si nous devions appliquer ici, en Algarve, les règles de déclenchement du plan canicule, nous serions en alerte plus de six mois par an. Je pense humblement que le gouvernement à Hollande a délibérément favorisé l'expatriation des retraités français, car il savait pertinemment qu'ils ne résisteraient pas aux contraintes d'une installation au Portugal ! C'est toujours autant de pensions de retraite en moins à verser... Ah la France ! Quel beau pays !