Voici peu, le présumé mentor d’al-Qaida ayant remplacé Ben Laden accusait Daesh de se répandre en calomnies sur son organisation. En Syrie, divers attentats ont visé des villes soit tenu par le régime (Jablé, 10 morts, 5 janvier), ou par les rebelles (Azaz, hier samedi, 48 morts). L’Attentat ‘’fratricide’’ d’Azaz a visé un tribunal religieux, tuant cinq juges, et il est attribué à l’État islamique, qui a visé des groupes indépendants ou alliés du Front al-Nosra (devenu Front Fatah al-Cham pour prendre ses distances avec al-Qaida, au moins formellement).

Voici que survient, ce dimanche, un attentat à Jérusalem. Les victimes (au moins quatre morts, dont trois jeunes femmes, selon un premier bilan), seraient des militaires israéliens en permission sur la promenade Armon Hanaziv, très fréquentée. Le conducteur a pu être assez rapidement abattu… Le pare-brise de son véhicule présente de nombreux impacts de balles.

Guérilla d’influence ?

Selon le Jerusalem Post, le conducteur aurait attendu qu’un groupe de jeunes gens, présumés appelés de Tsahal, descendent d’un bus à proximité d’un poste de contrôle. L’attentat a aussi fait aussi une trentaine de blessés, dont 15 graves. Le conducteur du camion, un Mercedes de chantier, aurait été, a confirmé la police ‘’neutralisé’’, sans autre précision, mais il est donné pour mort.

Le choix de la cible peut être due à sa fréquentation ou, selon certains commentateurs, à la proximité des locaux des Nations unies à Jérusalem. Faute de revendication, les commentateurs évoquent les Palestiniens, ou des arabes israéliens, ou encore Daesh ou al-Qaida. Cette dernière organisation, tout en s’affirmant farouchement anti-israélienne, était jusqu’à présent restée en arrière-plan en Israël.

Daesh lui reproche de ne pas s’en prendre suffisamment aux milices chiites qui, selon le Mossad, sont les futurs adversaires les plus déterminés de l’État hébreu. Aucune supputation n’est pour le moment vérifiable, mais il est certain que la lutte d’influence entre al-Qaida et le califat s’est envenimée. Le fait qu’il s’agisse du troisième attentat au camion (après ceux de Nice et Berlin) hors d’Irak ou de Syrie peut laisser imaginer que ce mode opératoire porte la signature de Daesh.

Mais rien ne l’établit pour le moment.

Pas depuis trois mois

Les attaques contre des policiers, militaires ou civils, revendiqués par des Palestiniens généralement, ont provoqué 42 morts de septembre 2015 à septembre dernier, soit parmi la population israélienne, soit parmi des touristes (deux Américains). Côté palestinien, le nombre des morts s’élève à 229 durant la même période. Mais il ne s’était pas produit d’attentat depuis un trimestre. Contrairement à Daesh, pour qui tout mécréant est une cible, al-Qaida privilégie des objectifs militaires ou policiers (sans exclure des victimes collatérales) et des méthodes plus élaborées, impliquant des militants rendant compte à ses instances. S’il s’agissait de viser principalement de jeunes militaires, et non de foncer dans une foule indifférenciée, cet attentat au camion-bélier peut être attribué tant à Daesh qu’à son adversaire et ex-mentor.