Des images satellitaires de l’assistance l'inauguration de Donald Trump ont été comparées à celles des précédentes, lors des deux inaugurations de la présidence Obama ; à mêmes heures. Il y a photo(s) : s’il n’y a pas plus de comptage officiel que de ‘’certifiés’’, il est patent, irréfutable, indéniable que Donald Trump a rassemblé moins de monde que Barack Obama à cette, ces occasions. Mais Bateleur Trump sait fort bien que la société spectaculaire marchande, celle de ses partisans en particulier, ne croit que ce à quoi elle veut prêter foi. Qu’une info, un mensonge, chasse l’autre.
Ce serait dérisoire, si cela n’était récurrent et hautement significatif. Tout d’abord, Donald Trump a fait donner le chef de son service de communication et de relations de Presse. Sean Spicer réclame que la presse doive désormais ‘’rendre des comptes’’ (hold the press accountable), assure que la foule ‘’était la plus grande qu’on ait jamais vu’’. Faux, archi-faux. Il a aussi monté en épingle l’histoire du remplacement du buste de Martin Luther King par celui de Winston Churchill dans le Bureau Ovale. Oui, Wiston Churchill a pris la place de Martin Luther King. Mais, non, contrairement à ce qu’un journaliste avait cru devoir signaler (est-ce vraiment essentiel ces histoires de statuettes ou d’assistance ?
), le buste de MLK est toujours présent, sur un autre guéridon. Pendant ce temps, des Biafrais manifestant pour l’indépendance et sécession d’avec le Nigeria, sous couvert de rendre hommage à Donald Trump, ont été blessés ou tués à Port Harcourt. Ni Sean Spicer, ni Donald Trump n’ont jugé bon d’en faire état… Place entière, toute entière, à l’ego de The Donald.
Un culot ahurissant
Après avoir copieusement critiqué les services de renseignement, les comparant à la Gestapo, Donald Trump s’est rendu au siège de la CIA. Il n’y a débité que des banalités convenues. Le voilà à mille pour cent avec la CIA et les autres services. À part cela, il fallait bien meubler l’allocution. Donc, il fait ce qu’il sait faire : parler de lui.
Et de la presse malveillante. Les journalistes comptent ‘’parmi les êtres humains les plus malhonnêtes au monde’’. C’est d’ailleurs pour cela que son plus éminent conseiller personnel à la Maison Blanche est Steve (Stephen) Bannon, le patron de Breitbart News, et que, de temps à autres, il félicite Fox News. Il aurait eu des différents avec le FBI, la CIA, la NSA et autres ? Pas du tout. Affabulations de journalistes : ‘’c’est exactement le contraire’’. Et il a enchaîné sur les "mensonges" de la presse. L’assistance à la cérémonie fut de l’ordre de ‘’un million, un million et demi’’. Même si c’était vrai, et c’est manifestement faux, cela n’est qu’une faible proportion du nombre des personnes qui, dans 70 pays, à Washington, Los Angeles, New York et de très nombreuses autres villes, ont participé à de gigantesques Marches des femmes.
Ce qui, semble-t-il, lui a totalement échappé ou plutôt, le laisse formidablement indifférent. Qu’il y ait eu davantage que 250 000 personnes à l’écouter est assurément vrai. Mais ils n’étaient vraisemblablement que ce nombre approximatif à la même heure, soit bien avant le début de la cérémonie, que celui de leurs prédécesseurs lors des investitures de Barack Obama. On n’en pas revenu à l’époque stalinienne, et les photos ne seront sans doute pas truquées pour rajouter des participants, car il n’en est plus besoin. La parole du gauleiter-caudillo suffit. S’il le dit, c’est que c’est vrai, si la presse dit autre chose, c’est qu’elle est trompeuse, malhonnête. La présidence Trump refuse de répondre aux questions ou bannit des organes de presse (CNN) et ne répond plus qu’à celles des titres amicaux.
Les casquettes rouges ‘’Make America Great Again’’ tapent dans leurs mains, se congratulent. Et si Donald Trump coupe les vivres à la Nasa et affirme qu’aucun homme n’a jamais marché sur la Lune, que c’était des trucages, ils applaudiront de nouveau. Great. Play again. Tilt pour l’information recoupée.