La réplique de Donald Trump n’a pas tardé. Un tweet, encore un, pour dénoncer de fausses nouvelles et une ‘’chasse aux sorcières’’ politique le visant sans fondement. Tant Barack Obama que Donald Trump ont été avertis par les services que leurs homologues russes avaient réuni tout un tas de ragots sur le futur président. Ils sont contenus dans des ‘’notes blanches’’ émanant des services de renseignement dont des extraits avaient atteint les rédactions dès l’automne dernier. Le document fait pas moins de 35 pages et après mûres réflexions, le site BuzzFeed a décidé de le publier in extenso.
Il s’agit d’une compilation du ‘’kompromat’’, comme les services russes le dénomment, pouvant servir à faire chanter Donald Trump. Obtenu de quelles sources ? Soit directement, et provenant d’élus républicains opposés à la présidence Trump, soit indirectement, soit par piratage. Le tout est à prendre avec des pincettes et si des journalistes au parfum avaient répercuté des informations, c’était après les avoir soigneusement recoupées. L’accusation la plus grave ne porte pas sur les pratiques sexuelles ou en affaires du nouveau locataire de la Maison Blanche, mais sur le fait qu’il était de connivence de longue date avec le Kremlin.
Acheté puis mis à mijoter
Il était bien connu que la firme Trump avait tenté de s’implanter en Russie.
Des négociations auraient été entamées et dans un premier temps, les Russes auraient fait miroiter de juteuses affaires. Histoire de mettre en confiance. Puis, on aurait promis beaucoup mieux, soit de l’aider très activement à accéder au pouvoir. Rien ne l’empêcherait, par après, d’étendre en Russie son empire immobilier et ses prises de participations.
Mais les services l’auraient aussi piégé, par exemple en le filmant en train de contempler des ‘’douches dorées’’ de prostituées urinant sur le lit des époux Obama au Ritz Carlton de Moscou, en 2013. Or lors d'ébats à Saint-Petersbourg. Quant au piratage des courriels démocrates, il aurait été certes le fait des services russes, mais avec la collaboration active d’équipes de Trump, qui s’intéressaient aussi aux activités des oligarques russes aux États-Unis.
Carter Page, un collaborateur de Trump, lui aurait servi d’agent de liaison avec Moscou et en particulier Igor Sechin, un proche de Vladimir Poutine. En fait, les relations étroites de Trump avec la Russie remonteraient à huit ans. Au cours de la campagne, la propagande russe visait essentiellement l’électorat jeune du candidat démocrate Bernie Sanders, pour le dissuader de voter pour Hillary Clinton. Poutine se serait montré fort déçu que l’affaire des courriels n’ait pas provoqué les retombées espérées. Côté flux d’affaires, c’était l’avocat personnel de Trump, Michael Cohen, qui négociait, en promettant la levée des sanctions contre des participations dissimulées dans des sociétés d’État russes.
En fait, la presse américaine, au cours de la campagne, n’avait exploité que le rôle de Paul Manafort, un temps directeur de campagne de Trump, auprès du président ukrainien alors pro-russe. Les supposés ébats sexuels de Trump en Russie ont certainement motivé des enquêtes sur ses relations avec des Américaines. Cela fut certes fructueux mais n’a pas joué un si grand rôle. En revanche, ces notes blanches abondent en noms de responsables russes, de lieux et dates de rencontres avec des émissaires de Donald Trump. Lors de sa conférence de presse, Donald Trump a balayé d’un revers de main ‘’toutes ces foutaises’’. Mais la question la plus importante subsiste : après ces ‘’révélations’’, quelles seront les relations de la présidence américaine avec les divers services de renseignement ?
Donald Trump sera-t-il plus prompt à gober ce que l’ambassade russe lui dira sur les affaires du monde ? En négligeant totalement les sources intérieures, considérées hostiles ou incompétentes ? C’est tout le débat qui agite à présent les élus républicains. La dernière note remonte au 13 décembre dernier. En est-il d'autres ?