La Pologne adore l'Union Européenne grâce aux avantages qu'elle obtient en matière de fonds structurels et d'intégration dans un espace économique qui permet à ses travailleurs détachés de trouver des emplois. Malheureusement, elle se comporte comme une passagère clandestine car elle refuse ses obligations (accueil des migrants et lutte contre le dumping social). Beata Szydło est la première Ministre polonaise depuis 2015. C’est une dame de poigne qui n’aime ni les migrants, ni les déclarations jugées inexpérimentées du Président Macron à propos des travailleurs détachés.
La première Ministre polonaise a déclaré, à la suite des remarques dures et réalistes de Macron concernant les travailleurs détachés polonais, que le Président Macron était inexpérimenté. La sortie non diplomatique de Macron et les réponses de la Première Ministre indiquent que l’Union Européenne ne parle pas d’une même voix et que l’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est a été une erreur.
Sous l’influence américaine et après la chute du mur de Berlin, les Européens, et l’Allemagne en tête, se sont précipités pour élargir l’Union européenne aux pays d’Europe de l’Est comme la Pologne ou la Hongrie. Une autre option était sur la table, celle de l’approfondissement des membres traditionnels de l’Union européenne.
Cette option a été rejetée par les Etats et l’Allemagne et a contraint la France à accepter celle-ci. Pour les Etats Unis, il s’agissait d’endiguer la puissance de la Russie. Pour l’Allemagne, élargir son espace commercial et industriel vital vers l’Est, grâce à une main d’oeuvre abondante et payée à faible coût pour son industrie, était vital.
Voilà les contradictions qui n’ont jamais été mises sur la table et on pâtit aujourd’hui du comportement anti-unioniste et anti-solidaire de la Pologne. A juste titre, lors du référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel, la plupart des peuples européens, dont le peuple français, ont dit non à cette façon de faire fonctionner l’Europe.
Le plombier polonais, devenu travailleur détaché, est source de discorde entre la Pologne et la France
La première Ministre polonaise accuse Macron d’inexpérience. Les différents entre la Pologne et la France sont historiques, liés à la seconde guerre mondiale. En 1939, au moment où l’Allemagne va occuper la Pologne, la France permet la création d’une nouvelle armée polonaise sous le commandement du
Général Waldylaw Sikorski, mais très vite les relations deviennent difficiles entre la France et la Pologne. La Pologne a toujours accusé la France d’avoir une attitude ambiguë. En dépit d’une forte immigration des Polonais en France, les relations entre les deux pays ont toujours été complexes, ambiguës voire tendues.
Nous vivons avec le plombier polonais qui est devenu travailleur détaché : les relents de la complexité de l’histoire polono-française. Les ponts diplomatiques entre la France et la Pologne ne sont pas rompus à la suite des déclarations de Macron et de la Première Ministre polonaise. Néanmoins, ce différent illustre la difficulté de construire l’Union européenne entre des pays qui ont des performances économiques différentes, des choix culturels et politiques opposés.
La question des migrations divise les Polonais, les Hongrois et les autres européens.
La question des migrations et de l’optimisation fiscale opèrent des divergences entre la plupart des pays européens (Pologne, Hongrie, Irlande et le reste de l’Union européenne).
Les Polonais ont oublié leur histoire: migrants et immigrés , ils ont travaillé en France et en Italie dans les mines et l’industrie sidérurgique et la plupart de leurs dirigeants ont été accueillis dans les pays occidentaux pendant la guerre froide. Les Polonais et les Hongrois ne veulent pas assumer leur part d’accueil des migrants au nom d’un puritanisme sociologique et religieux. Pour l’instant, seule l’Italie, et dans une moindre mesure la Grèce et la France, sont confrontées à la problématique de l’accueil des migrants. La Hongrie de Victor Orban a érigé un mur de barbelés pour empêcher les migrants de « polluer » l’espace territorial hongrois et polonais. Nous sommes au coeur des dissensions de la construction d’une Union politique européenne fondée sur un minimum d’accords de solidarité politique.
Si on va plus loin, on s’aperçoit que sur le plan de la défense, les Polonais préfèrent l’achat d’avions et hélicoptères militaires américains aux avions européens (Rafale) et aux hélicoptères français.
L’altercation diplomatique entre la Pologne et la France est salutaire. On sort de l’hypocrisie grâce à Macron. Par son intervention, il bouscule les codes tranquilles et silencieux d’une Union européenne qui préfère le parapluie américain.