Depuis quelques mois à la Maison Blanche, Donald Trump a habitué le monde entier à ses prises de paroles toujours douteuses et à ses tweets ravageurs. Mais, il faut dire que son discours, prononcé à la tribune des Nations Unies mardi dernier, dégageait une audace particulièrement perturbante de la part de celui qu'on considère par défaut comme l'homme le plus puissant du monde. "Détruire totalement la Corée du Nord", cette phrase aux accents de déclaration de guerre n'a pas été du goût de tout le monde, surtout pas de Kim Jong-Un et encore moins d'un Emmanuel Macron resté jusque-là très silencieux sur la question.

De la petite pique lancée par le président français, depuis la tribune de l'ONU, recommandant à son homologue américain de jeter un coup d'oeil sur la carte du monde, il est ainsi aisé de comprendre qu'une intervention militaire sur le sol nord-coréen serait dévastatrice pour l'ensemble du globe. D'ailleurs, la Chine, principal allié de Pyongyang, a clairement fait savoir à l'administration de l'ancien mania de l'immobilier que "personne ne sortirait vainqueur d'un conflit avec la Corée du Nord". Il faut donc y voir un avertissement à peine voilé de Pékin qui ne compte pas rester sans réaction face à une entreprise armée contre le régime de son allié.

La Corée du Nord se dit "menacée"

Après les menaces proférées à l'ONU et le durcissement des sanctions américaines, Donald Trump a étendu son décret migratoire à la Corée du Nord dimanche dernier.

Et même si la Maison Blanche se défend aujourd'hui d'une telle accusation, le chef de la diplomatie nord-coréenne Ri Yong-ho a estimé que les Etats-Unis avaient envoyé à son pays une "déclaration de guerre". Allant jusqu'à traiter le président américain de "personne dérangée" et de "mégalomane" à la tribune de l'ONU, Ri Yong-ho laisse entendre que les provocations du Pentagone ne resteraient pas sans réaction.

Un vibrant appel à la retombée des tensions

Répondant au tweet de Donald Trump sous-entendant une fin proche pour le régime de Pyongyang, Ri Yong-ho n'a pas hésité à rajouter de l'huile sur le feu en déclarant que "la question est de savoir qui ne restera pas là longtemps va trouver une réponse". L'ONU a tout de suite appelé les deux protagonistes à l'apaisement pour éviter tout "risque d'erreur".

Même la Corée du Sud y est allée de son mot pour inviter Washington à garder son sang froid face aux provocations nord-coréennes.

De son côté, Moscou a réclamé par la voix de Serguei Lavrov que les "têtes chaudes se refroidissent" pour aborder les différends de la seule façon possible, "des caresses, des suggestions et de la persuasion". De l'aveu de Jean-Yves Le Drian, cette période de tension semblable à la crise de la guerre froide pourrait bien déboucher sur un incident si rien n'est rapidement fait. Pas sûr en tout cas que le président américain puisse librement mettre sa menace à exécution.