Une « transformation profonde » de l'Union Européenne. Voilà ce qu'a annoncé et promis Emmanuel Macron, mardi, lors d'un Discours devant des étudiants étrangers à la Sorbonne, à Paris. Le président de la République français a ainsi exposé ses plans concernant l'UE, souhaitant une intégration politique plus profonde pour gagner le soutien des citoyens mécontents. Il a même suggéré que le Royaume-Uni pourrait « un jour, retrouver sa place ». Au cours d'un discours fleuve, Emmanuel Macron a plaidé pour que l'UE revienne aux idées « visionnaires » de ses fondateurs.
Pro-européen, une tendance qu'il avait largement mise en avant lors de la campagne présidentielle qui l'avait finalement vu l'emporter face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron s'est prononcé en faveur des politiques communes de l'Union européenne en matière de défense, d'asile et d'impôts. Le président de la République a également appelé à la formation d'universités européennes et a promis que l'Hymne à la Joie, l'hymne de l'Union européenne, sera jouée lors des Jeux olympiques 2024 à Paris. Autant de symboles forts qui permettent à Emmanuel Macron d'être vu, du moins à l'étranger, comme le chef d’État le plus pro-européen.
Macron tient à rassurer l'Allemagne
Emmanuel Macron a également défendu une thèse selon laquelle l'Union européenne arrive à cours de temps pour se réinventer.
Une rénovation nécessaire selon le chef de l’État français, afin de contrer la montée du nationalisme d'extrême droite et de « rendre l'Europe à ses citoyens ». Une déclaration qui intervient seulement quelques jours après que le parti d'extrême droite soit entré au Parlement allemand pour la première fois en 70 ans, Macron a déclaré qu'une attitude isolationniste avait refait surface « en raison de la cécité ...
parce que nous avons oublié de défendre l'Europe. L'Europe que nous connaissons est trop lente, trop faible, trop inefficace », a martelé celui qui remonte légèrement dans les sondages d'opinions depuis le début du mois de septembre, après un été difficile. L'Allemagne, un partenaire essentiel aux yeux d'Emmanuel Macron. Les propositions du président de la République française incluent notamment la consolidation de la zone euro avec un ministre des finances, un budget et un parlement, des idées qui ne se feront pas sans le soutien de Berlin.
Or, les conservateurs du nouveau gouvernement de coalition d'Angela Merkel risquent de ne pas approuver ces potentielles réformes.
Juncker salue le discours de Macron
Dans son discours, Emmanuel Macron a donc tenu à rassurer l'Allemagne. Il a ainsi assuré que la réforme de la zone euro ne consistait « pas à mutualiser nos dettes passées ou à résoudre les problèmes financiers d'un pays ». Et alors que le parti démocrate libéral allemand, qui fera sans doute coalition avec Angela Merkel, avait parlé de « lignes rouges » durant la semaine, Emmanuel Macron a répondu directement en affirmant que « je n'ai pas de lignes rouges, j'ai seulement des horizons ». Le discours a été reçu chaleureusement par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
« Un discours très européen de mon ami Emmanuel Macron », a-t-il tweeté. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est une feuille de route pour faire progresser l'union à 27. Nous devons discuter ouvertement de toutes les idées et décider avant mai 2019 », a ajouté Juncker, faisant référence à un sommet de l'UE qui sera organisé juste après le départ du Royaume-Uni. Le chef de l’État français s'impose donc comme le fer de lance de la rénovation de l'UE. Mais en voulant changer trop de choses, trop vite, Emmanuel Macron prend le risque de se retrouver tout seul face au gigantesque chantier européen.