C'est un funeste événement qui a fait tourner les objectifs des journalistes du monde entier vers la ville de Mogadiscio depuis ce samedi 14 octobre 2017. Connue pour un littoral azur s'étendant de l'Océan Indien au Golfe d'Aden, la Somalie est pour beaucoup associée à une instabilité politique.

Ce constat pourtant dilué par l'engouement populaire que suscite Farmajo (Mohamed Abdullahi Mohamed de son vrai nom) élu à la présidence du pays en ce début d'année, s'est macabrement confirmé en fin de semaine dernière. Mogadiscio, la plus grande ville et capitale somalienne connut l'attentat le plus meurtrier de son histoire.

Plus précisément, c'est au cœur du centre-ville bondé de la métropole qu'un des désormais célèbres camions lourdement piégé a explosé, fauchant hommes et bâtisses des alentours.

Une tragédie sans précédent

Deux jours après l'attaque, le bilan humain continue à s'alourdir. Le chiffre décompte désormais 300 personnes y ayant perdu la vie et tout autant de blessés. Les dégâts matériels étant tout aussi considérables, les équipes de secouristes assurent que ce bilan s'alourdira au fur et à mesure que les gravas seront dégagés.

Depuis plus d'une vingtaine d'années, la pays est-africain et ses villes connaissent des attaques fréquentes. Cependant, l'ampleur de la dernière en date marque particulièrement les esprits de par la violence de l'explosion dans cette intersection très animée et passante.

Cela a inexorablement touché une très large frange de la population, créant ainsi des cercles de deuil regroupant des milliers d'individus.

"Habitués" certes, mais profondément touchés par l'événement et les visions horrifiques dépeintes dans ces rues, la population de Mogadiscio vient au secours des blessés et des désormais nécessiteux.

Elle s'évertue également à véhiculer le refus strict de la violence et la résilience contre le terrorisme.

L'absence de revendication officielle

Même si le groupe Al-Chabab, affilié à Al Qaïda, est actuellement pointé du doigt, à cause de son activisme terroriste fréquent en ces contrées, on ne peut aujourd'hui qu'avoir de forts soupçons faute de revendication officielle.

A défaut de trouver une entité à condamner et démunis d'une quelconque capacité à rendre justice, le gouvernement en appelle à la paix. Trois jours de deuil national ont été ainsi décrétés.

Plus loin, ce type d'attaque et ses répercussions pourraient avoir un impact politique fort et rendre le pays encore plus instable. L'engouement qu'avait suscité Farmajo et qui avait poussé les médias à qualifier ces derniers mois de "printemps somalien" semble alors anéanti par les flammes de cette attaque.

Plus inquiétant encore, les Chabads montent visiblement en puissance et en force de frappe grâce à des charges explosives de plus en plus conséquentes, tandis que le gouvernement en proie à ses propres démons, semble être incapable de contrer ces attentats. Déjà affaibli par des tensions internes et la corruption, il pourrait s'en retrouver décrédibilisé et ainsi laisser une brèche de plus en plus béante pour Al-Chabad.