Le Tycoon, homme d’affaires français, Bolloré à été en garde à vue à Nanterre et mis en examen. Sans connaître le dossier au fond et sans présumer de sa culpabilité réelle ou fictive, le cas Bolloré que d’aucuns considèrent comme un cas de Corruption, est pour d’autres le traitement normal des affaires. Cette affaire Bolloré ouvre une page de réflexion intense sur les relations consanguines entre les hommes d’affaires français et les chefs d’État africains. Où se trouve la frontière entre la corruption et le business, sachant que dans tout acte de corruption, il faut un corrupteur et un corrompu.
Dans les relations spécifiques franco-africaines, on pense souvent que le corrupteur, c’est l’homme d’affaires français et le corrompu le chef d’État, mais on peut trouver des modèles inverses dans lesquels c’est le chef d’État africain qui corrompt l’homme d’affaires français. Dans les milieux de la communication en France, certains responsables de journaux ne font jamais de reportage, ni ne disent jamais de mal de certains pays situés surtout en Afrique centrale, alors que la situation chaotique au plan politique de ces pays donne de la matière journalistique et remplirait des pages entières des rubriques Opinion ou Débat d’idées.
La Françafrique n’est pas morte, les hommes d’affaires français madrés le savent
La France a perdu une partie de son empire africain, les pays d’obédience française sont devenus indépendants, mais les relations d’affaires n’ont pas changé. Les formes modernes des relations cachées ont évolué avec les Paradise papers. Les modalités de constitution des sociétés écran privées conjointes favorisent l’évasion fiscale du corrompu et du corrupteur et permettent au corrompu de se constituer des patrimoines immobiliers en France.
Souvent ces patrimoines immobiliers sont gérés par les mêmes hommes d’affaires qui font du business en Afrique et qui reçoivent des frais de commission et de représentation aux motifs que le nom du corrompu ne doit jamais apparaître en lettres d’or.
La question du développement est souvent présentée dans la chaîne corrompu-corrupteur comme un moyen de favoriser la croissance des emplois et la distribution des revenus pour les populations pauvres.
Nous sommes au coeur d’un mensonge d’État avéré car certains pays africains, dotés de ressources minérales, agricoles, pétrolières, continuent de vivre sous le seuil de pauvreté alors que dans les statistiques officielles, ces pays affichent des taux de croissance de l’ordre de 4, 5 ou 6 %. L’indicateur statistique de référence étant le PIB, celui-ci comptabilise d’abord la production et les exportations des produits liés aux matières premières qui font l’objet de vente sur le marché mondial. duction et redistribution.
La création des règles juridiques (OHADA, Organisation pour l’harmonisation Afrique du droit des Affaires) ne supprime pas les faits de corruption en Afrique noire
Le "Consensus de Washington" a introduit trois idées néfastes pour le développement de l’Afrique : le marché, les droits de propriété et de contrat, la libéralisation/privatisation.
Les Etats africains, dont la plupart des dirigeants, très peu formés aux compétences professionnelles des activités économiques, ont vu afflué sur leur continent des hommes d’affaires défendant leurs intérêts économiques. Parmi ces nombreux hommes d’affaires, Bolloré, naguère affublé du titre de jeune premier de la finance et du business quand il a fait ses premières armes chez Rothschild avant de reprendre l’affaire familiale de fabrication de papier bible. Il a élargi son portefeuille d’activités en Afrique: transport maritime, la gestion des ports, palmeraies. En France et dans le monde, Bolloré, c’est le patron de Havas communication, c’est celui aussi de Canal Plus et de la maison mère Vivendi dont son premier fils Yannick va prendre la présidence.
Bolloré, c’est aussi autolib et les semi-conducteurs.
Ces relations en Afrique ont souvent fait l’objet de reportages plus ou moins agacés de la part ce certains commentateurs français car Bolloré représente une puissance financière importante. Sans préjuger du fond de l’affaire, j’ouvre ici quelques pistes. Peut-on interdire à Bolloré de défendre ses intérêts économiques aux dépends de chefs d’État africains dont la seule préoccupation est le pouvoir pour le pouvoir ? Est-ce la faute de Bolloré ou d’autres hommes d’affaires français si les cadres africains sont incompétents en refusant le changement et le développement pour leur population? Le Fonds monétaire international demande aux pays africains de créer des organes indépendants de lutte contre la corruption sans en préciser ni les modalités, ni les instruments à utiliser. De qui se moque-t-on ?