Du 6 au 12 août dernier s'est tenue la première semaine ivoirienne de Dakar. Visant à renforcer la coopération Sud-Sud, cette vaste foire gastronomique et culturelle était également l'occasion pour la Côte d'Ivoire de convaincre la population sénégalaise – et pourquoi pas de nouveaux clients ou investisseurs – de la qualité des spécialités du pays.

Pour Charles Bogou-Sakré, chargé de l’organisation de la semaine le défi est de taille. Il faut allier à la fois la logique «business » avec les entreprises tout en conservant la culture, cet « amusement, ce côté bon vivant ivoirien que les différentes communautés de la sous-région apprécient bien ».

Le commerce équitable pour tous

Une initiative qui sera suivie en octobre par l'organisation, en Côte d'Ivoire cette fois, des premières Journées du Commerce équitable. Franck Koman, coordinateur de l'évènement estime qu'il s'agira de promouvoir le commerce équitable et de le porter à l’attention des participants. L’objectif est d’amplifier les retombées positives afin qu’elles soient plus plus visibles en Côte d'Ivoire. Selon Franck Koman « le producteur en plus de vendre son cacao au prix conventionnel fixé, perçoit en retour, une prime pour chaque kilogramme de cacao vendu ». Ainsi, les producteurs sont incités à produire « équitable ».

C’est le pari qu’a fait Axel Emmanuel Gbaou, un jeune entrepreneur ivoirien, ex banquier reconverti dans la pâtisserie, et militant célèbre du cacao équitable.

Il s’est donné pour mission de former 500 femmes, maillons essentiels dans la chaîne de valeurs du cacao. « Des femmes épouses de planteurs de cacao, qui vont griller les fèves et décortiquer et moi, je termine le travail dans mon laboratoire. Donc, c’est un chocolat équitable qui met en valeur le travail des femmes, un chocolat au parfum de femmes ».

Pour Silué Boloba du Conseil café-cacao ivoirien, le café ivoirien est « le meilleur d’Afrique ». Un café qu'il souhaite mettre à disposition de l’ensemble du marché africain et, pour commencer, du Sénégal. « Nous sommes venus ici (à Dakar, ndlr) avec la meilleure qualité pour que les Sénégalais puissent s’en approprier ».

Une opération séduction qui semble avoir fonctionné puisque les hôtes sénégalais ont autorisé l'organisation d'une seconde édition l'année prochaine.

La Côte d’Ivoire surfe sur la vague de la croissance

Il semblerait que l'un des objectifs du gouvernement ivoirien de valoriser le commerce équitable soit en bonne voie d’exécution. Dans un pays qui a retrouvé une certaine stabilité politique et sociale, l'accent est désormais mis sur la qualité des produits et la mise en place d'un circuit économique plus sain, moins dépendant des fluctuations des cours des produits. Un pari qui commence à porter ses fruits avec des initiatives émanant désormais d'acteurs privés optimistes quant à la situation économique du pays.

La Côte d’Ivoire établit une croissance économique record. Dès février dernier, la Banque Mondiale publiait un rapport détaillé à ce sujet. Intitulé « aux portes du paradis », le document se félicitait de «la performance indéniable de l'économie ivoirienne », avec un taux de croissance de 7,6% décrit comme « l’un des plus rapides du continent, voire même du monde ».

Conscients du potentiel économique du pays, les pouvoirs publics tentent désormais de faire rayonner cette réussite à l'international, en attirant notamment l'attention sur la qualité des productions agricoles locales, comme le café ou le cacao. Une opération séduction qui se comprend dans un pays où la précieuse fève représente plus de 10% du PIB, et près de 4 millions d'emplois.