Dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie s'est déclaré au Musée national de Rio de Janeiro, un des plus anciens musées du Brésil. Malgré le déploiement rapide de pompiers sur place, les flammes ont tout emporté sur leur passage.

Le musée venait de fêter ses 200 ans

Lorsque le feu a démarré, vers 19h30 heure locale, le musée était heureusement fermé au public. Les flammes se sont propagées rapidement pour gagner les centaines de salles du musée, où deux cents ans de travail ont été réduits à néant en quelques heures. En effet, le plus grand musée d'histoire naturelle d'Amérique latine, créé en 1818, venait de fêter son bicentenaire en juin dernier.

Bâti par le roi Jean VI, cette institution culturelle était devenue au fil des années une des plus prestigieuses du pays. Ce majestueux bâtiment d'une superficie de 13 000 mètres carrés situé au nord de Rio de Janeiro conservait des œuvres inestimables.

Une immense perte pour l'humanité

Luiz Fernando Dias Duarte, le directeur-adjoint du musée, déplore un bien triste bilan : "Toutes les archives de l'Histoire qui y étaient conservées ont été totalement détruites. Deux cents d'histoire viennent de partir en fumée !" La plus grande partie des œuvres du musée ont été ravagées, notamment une bibliothèque contenant plus de 530 000 libres, pas moins de 20 millions de pièces de valeur et plus de 26 000 fossiles.

Pour Audrey Azoulay, la directrice générale de l'Unesco, c'est la "perte d'un héritage culturel inestimable pour l'humanité."

Parmi les précieuses pertes, Luzia, un fossile humain âgé de 12 000 ans, appelé également "la première brésilienne", le squelette du plus grand dinosaure du Brésil, la fresque romaine de de Pompéi, le sarcophage de la prêtresse égyptienne Sha-Amun-en-su et le musée en lui-même installé dans un ancien palais datant du XIXe siècle.

Colère et consternation

Très en colère, Luiz Fernando Dias Duarte accuse les autorités brésiliennes de négligence. Depuis l'incendie ravageur de son musée, le directeur-adjoint ressent "une immense colère" ainsi qu'"un profond découragement". Pour lui, il n'y a jamais eu le moindre soutien efficace pour transformer ce palais, une ancienne résidence de la famille royale, en musée.

De son côté, Michel Terner, la première dame du Brésil, a annoncé dans un communiqué de presse que ce dimanche 2 septembre était "un jour tragique pour le Brésil".

Sergio Sa Leitao, le ministre de la Culture, l'avoue sur-le-champ : "La tragédie aurait pu être évitée". Les problèmes d'entretien de l'établissement se sont accumulés au fil des années. En 2015, le musée a même dû subir une fermeture temporaire à cause de coupes budgétaires dans les secteurs de la science, de la recherche et de la culture. De ce fait, l'entretien du bâtiment n'a pu être effectué correctement. Ce n'est pas pour autant que ce bâtiment ancien était à l'abri d'un incendie, comme le rappelle Pierre Dubreuil.

Un sinistre qualifié de "tragédie culturelle"

Lundi 3 septembre, le lendemain du drame où aucun victime n'a été déclarée, les pompiers ont tenté en vain de sauver les trésors restants après avoir passé la nuit à combattre les flammes. Aujourd'hui, "le gouvernement doit aider le musée à reconstruire son histoire" s'insurge Alexandre Keller, le directeur avant d'ajouter que "la population doit être indignée devant une telle catastrophe". Devant les décombres de ce qu'il reste des vestiges de son musée, il déplore une telle catastrophe. 500 chercheurs et étudiants vêtus de noir se sont rassemblés devant le musée après que quelques manifestants aient jeté des pierres sur les forces de l'ordre.