C'est une véritable crise de l'ensemble de son système de santé que traverse actuellement la Tunisie. En deux jours, jeudi 7 et vendredi 8 mars 2019, au service de réanimation du Centre de maternité et de néonatalogie la Rabta de l'hôpital public Wassila Bourguiba, situé au coeur de la capitale Tunis, douze nouveaux-nés sont décédés des suites d'une infection nosocomiale sévère, selon les premiers éléments de l'enquête ouverte par le ministère public.

L'enquête sanitaire et judiciaire a indiqué que les bébés auraient succombé à une infection transmise lors du processus d'alimentation par voie intraveineuse. Parallèlement aux auditions des membres du service présents durant les 48 heures du drame, les autorités et la commission d'enquête ont effectué des prélèvements sanguins dont les résultats sont, à ce jour, encore attendus.

Démission du ministre de la Santé

En dehors de l'émotion qui a gagné tout le pays, provoquant colère et violence des parents à l'encontre de l'établissement public, le ministre de la Santé, Adberraouf Cherif, dans la tourmente, a présenté sa démission samedi 9 mars.

Sa remplaçante par intérim, Sonia Ben Cheikh, a confirmé lors d'une conférence de presse lundi 11 mars l'infection nosocomiale et a ajouté que "la première idée va vers les poches d'alimentation parentérale. Elles sont préparées dans une salle blanche similaire à un bloc opératoire. On attend les résultats des analyses pour déterminer à quel niveau de la chaîne de préparation il y a eu défaillance." Précisant que les résultats préliminaires des échantillons seront fournis dans les 4 à 5 jours prochains.

Les corps des bébés dans des boîtes en carton

Ces enquêtes et déclarations d'urgences n'auront cependant pas calmer l'indignation des Tunisiens qui réclament unanimement un audit approfondi du système médical.

Il faut dire que cette "catastrophe nationale", selon les mots du président de la République tunisienne, tourne en boucle depuis plusieurs jours sur les principaux médias du pays qui relayent les images de parents choqués quittant l'hôpital avec le corps de leur enfant dans une boîte à carton.

Ce drame n'a toutefois pas surpris les spécialistes du secteur qui pointent depuis de nombreuses années le délabrement du système de santé publique tunisien autrefois prioritaire. Corruption, défaillances, conditions de travail, pénuries de médicaments, fuite à l'étranger des praticiens,... La population et les professionnels du secteur ont pu constater la lente dégradation de leur système de santé publique en proie à des problèmes de gestion et de financement.