Première victoire de la population algérienne qui, depuis 6 semaines de contestation, réclamait, entre autres, le départ d'Abdelaziz Bouteflika. Le président, 82 ans, au pouvoir depuis 1999, la plus longue longévité à la tête de la République algérienne, a en effet abdiqué et remis sa démission, mardi 2 mars 2019, au Conseil constitutionnel, annoncée par l'APS, l'agence de presse officielle. La télévision nationale a diffusé des images de "Boutef" dans un fauteuil roulant, remettant une lettre au président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz.

Une démission attendue par le peuple

La démission du président a d'abord été annoncée par un communiqué de la présidence lundi. Mais l'armée algérienne, par l'intermédiaire du ministère de la Défense, a fait savoir qu'elle considérait non authentique puisque n'émanant pas directement du chef de l'Etat.

Abdelaziz Bouteflika cède donc, avant le 28 avril date officielle de la fin de son mandat, aux revendications de la foule de manifestants, amassés dans tout le pays, toutes fonctions, classes sociales et métiers confondus. On notera que ce dernier entendait au mois de février encore briguer un cinquième mandat. La pression exercée par le peuple algérien ainsi que les récentes défections au sein du pouvoir auront donc accéléré la décision du chef d'Etat.

Ce retrait "est destiné à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement", a déclaré le président dans sa lettre de démission.

Scènes de liesse

Cette victoire du peuple algérien a provoqué mardi soir de nouveaux rassemblements dans les principales villes, notamment à Alger où des scènes de liesse, des klaxons, des drapeaux érigés ont été constatés jusqu'à tard dans la nuit par la presse internationale.

C'est Abdelkader Bensalah, 77 ans, fidèle du régime et président du Conseil de la Nation qui assurera l’intérim de la présidence durant une période maximale de 90 jours. Puis, des élections présidentielles seront organisées.

La question de "la suite" est désormais sur toutes les lèvres. Car même si le retrait du président symbolise la victoire de l'intelligence collective d'un peuple résolument tourné vers l'avenir, les Algériens souhaitent un changement de régime pour "en finir avec le système politique" Bouteflika. De nouvelles manifestations, teintées de victoire et d'un nouvel espoir, sont donc prévues pour vendredi prochain.