Après le drame survenu en Nouvelle-Zélande le 15 mars dernier, le fondateur de Facebook s'exprime enfin après un silence assourdissant. Un terroriste a filmé son attaque contre deux mosquées à Christchurch en direct sur la plateforme. La tuerie aura fait quarante-neuf morts et une vingtaine de blessés. L'homme avait prévu de passer à l'action comme il l'a expliqué dans un message publié sur le forum 8cha le jour même. Au-delà de l'acte terroriste en lui-même, une vague d'indignation s'est fait fortement ressentir : l'homme a réussi à se filmer dix-sept minutes en direct.
Toutes les personnes ayant trouvé le lien qu'il avait fourni pouvait assister à sa tuerie depuis Facebook. C'est la police néo-zélandaise qui a dû avertir le réseau social que la vidéo devait être supprimée, les modérateurs de Facebook n'ayant pas réagi.
La modération de Facebook prise en défaut par les vidéos diffusées en direct
L'information circule très vite à l'ère des réseaux sociaux, et la vidéo diffusée par le terroriste a pu être partagée des dizaines et des centaines de fois, malgré la suppression de la vidéo initiale, visualisée plus de 4 000 fois avant d'être retirée. Ce constat permet de mettre en exergue la grande défaillance des systèmes de modérations actuels. Pendant dix-sept minutes, n'importe quel utilisateur de Facebook a eu la possibilité de partager la vidéo, de la commenter et même de la "liker", comme n'importe quel autre contenu publié.
Après un long silence, la plateforme a pris la parole par le biais d'un premier communiqué, expliquant que la modération était défaillante à cause d'un problème technique : l'intelligence artificielle n'aurait pas su reconnaître les images qui lui étaient soumises, n'ayant pas été entraînée à lire ce genre d'information. Ce message n'a pas convaincu l'opinion publique, qui continue de défier Facebook et de demander plus de modération au géant des réseaux sociaux.
Le fondateur de Facebook incite les gouvernements à avoir un rôle plus actif
Mark Zuckerberg a finalement pris la parole pour proposer des directives afin de mieux réguler les réseaux sociaux mais également Internet dans sa globalité. Dans une interview exclusive donnée à ABC News, il reconnaît officiellement la responsabilité de Facebook dans la diffusion de la vidéo.
Puis, dans une tribune publiée dans plusieurs journaux internationaux, le créateur de Facebook appelle les gouvernements à plus réguler Internet, notamment les contenus violents et haineux, car les réseaux sociaux ne peuvent pas y arriver seuls, et émet l'hypothèse de la création d'une troisième entité pour réguler le tout. Il insiste néanmoins sur le fait que Facebook doit modifier son algorithme avec les médias qui sont présents sur son réseau, et qui publient ce qu'ils souhaitent, notamment par le biais de liens qui amènent les usagers sur des pages externes à Facebook. Par ailleurs, il évoque également sa volonté de respecter les élections, la vie privée des usagers et milite pour une nouvelle réglementation qui permettrait de garantir la portabilité des données.