Premier président égyptien élu démocratiquement et premier président civil de l'Egypte, Mohamed Morsi, 67 ans, est décédé lors de son audience au tribunal du Caire, lundi 17 juin 2019. Selon le parquet général égyptien, l'homme se serait effondré durant l'audience et n'aurait pas pu être réanimé. "Il est tombé sur le sol dans la cage des accusés et a été transporté à l'hôpital où il est décédé".
Arrivé au pouvoir après la fuite du dictateur tunisien Zine el Abidine Ben Ali, la vague des "printemps arabes" et la révolution égyptienne de 2011 qui avait expulsé Hosni Moubarak et son régime, Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, incarnait l'espoir d'un peuple libéré, opprimé depuis plus de 30 ans de dictature.
Répression sanglante menée par l'armée
Faute de résultats économiques, accusé d'amateurisme politique, de terrorisme et d'islamiser une société égyptienne connue pour sa modernité et son tourisme, après d'importantes manifestations antigouvernementales, ce dernier a été renversé un an après son élection par l'armée et son chef actuellement à la tête du pays, Abdel Fattah al-Sissi.
Jugé pour incitation à la violence contre des manifestants, pour espionnage au profit de l'Iran et du Qatar, Mohamed Morsi a été emprisonné par décision de l'armée. Par la suite, une répression sanglante contre les Frères musulmans et l'opposition islamiste a été menée par l'armée, condamnant à mort des centaines de personnes au cours de procès de masse expéditifs et tuant plus de 1400 manifestants pro-Morsi.
Maintenu à l'isolement 23 heures par jour, sans soins, sans visites
Après sa destitution par son successeur, Abdel Fattah al-Sissi, Mohamed Morsi est resté depuis 2013 en détention au sud du Caire dans des conditions jugées inhumaines, cruelles et dégradantes. Maintenu à l'isolement 23 heures par jour, Morsi n'avait pas accès à la télévision ni aux journaux.
En six ans de détention, il n'aurait reçu que trois visites de sa famille. Atteint de diabète et d'une maladie du foie, l'ancien président n'avait pas accès aux soins auxquels il avait droit.
Les ONG Human Rights Watch et Amnesty international, qui réclament une commission d'enquête sur les violations de droits de l'homme relative à cette incarcération, ont estimé qu'il s'agissait de "maltraitance" ayant entraîné une mort prématurée, lente et douloureuse.
Le parti de Mohamed Morsi, Parti de la liberté et de la justice, a qualifié d'"assassinat" le décès de l'ancien président. De son côté, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que Morsi était un "martyr", et que "l'histoire n'oubliera pas ces tyrans qui l'ont conduit à la mort en le jetant en prison et en le menaçant d'exécution".
De leurs côtés, les USA et les principales nations occidentales n'ont pas ou peu rendu hommage à l'ex-président élu pourtant pour la première fois démocratiquement. L'actuel président issu de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi, réélu pour un deuxième mandat à la tête de l'Egypte, bénéficiant de scores contestés de plus de 90%, exerce à ce jour une lourde répression sur la population, règne en maître sur les institutions et aura définitivement enterré les espoirs de liberté et de démocratie nés du soulèvement égyptien de 2011.