Très attendu pour son discours à la nation samedi dernier, Paul Biya n’a finalement pas répondu présent révèlent plusieurs médias camerounais. Son discours à la nation a été reporté. Alors que les raisons de ce report ne sont pas encore élucidées, dans un communiqué rendu public hier lundi 9 septembre 2019, signé du directeur du cabinet de la présidence de la république Mvondo Ayolo, l’on apprend que le chef de l’Etat du Cameroun prendra la parole devant la nation ce mardi à 20 heures.

Qu'est ce qui aurait motivé Paul Biya à sortir de ses gongs pour finalement choisir la date d'aujourd'hui pour s'adresser à son peuple?

Y aura t-il des grandes décisions salvatrices pour le Cameroun dont la situation sociopolitique est délétère ? Paul Biya voudrait-il envoyer un message fort à l'assemblée générale des Nations Unies dont les travaux commencent le 20 septembre prochain et dont des résolutions concernant le Cameroun peuvent être votées?

Un peuple camerounais habitué à trois discours de Paul Biya par an

L'on sait d'office que Paul Biya a déjà habitué le peuple camerounais avec la moyenne de trois discours par an. L'on sait qu'il s'adresse très souvent à la nation le 10 février pour un message à la Jeunesse à l'occasion de la fête de la jeunesse, aussi le 19 mai à l'occasion de la fête de l'unité et enfin le 31 décembre, pour son Message à la Nation.Il l'a souvent fait exceptionnellement lors de grands événements nationaux et internationaux qu’abrite le Cameroun ou ont marqué le pays.

Ce fut le cas avec son discours à la nation à la suite du putsch manqué du 6 avril 1984, idem pour son discours aux lendemains des émeutes qui ont secoué le Cameroun du 25 au 28 février. Discours au cours duquel il avait qualifié les émeutiers "d'apprentis sorciers"

Voici quelques pistes sur ce que le Président Paul Biya va dire ce mardi, 10 septembre, aux Camerounais, et au monde.

Paul Biya va enfin parler au moment où la radicalisation de la crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud Ouest est devenue inquiétante. Ces deux régions du Cameroun sont devenues une espèce de no mans land où se développent depuis plus de trois ans des entraves aux droits humains diverses, et dans lesquels des groupes armés et les soldats camerounais ont trouvé des terrains fertiles à leurs "barbarie".

Depuis le déclenchement de cette crise en octobre 2016, Paul Biya n'a jamais fait un discours spécial et précis sur cette crise. Il est souvent revenu sur la crise anglophone dans ses discours traditionnels de fin d'années ou du 11 février, mais sans véritable enjeux salvateur sur le terrain. Il est question ce jour pour Paul Biya de se prononcer sur l'ouverture d'un dialogue inclusif dans le cadre de cette crise, pour un retour au calme dans les deux régions anglophones et aussi la réorganisation administrative des collectivités au Cameroun

Paul Biya dira également un mot sur l’insécurité dans l’Extrême-Nord du Cameroun, où l’armée est également déployée pour combattre les djihadistes de Boko Haram qui lancent des assauts répétés depuis 2014 sur les populations camerounaises.

Un mot sera dit sur les soldats camerounais et leur fonction protectrice. L'on se rappelle en juillet 2018 lorsqu'une vidéo apparaît sur les réseaux sociaux. On y voit des hommes en treillis emmener les victimes, leur bander les yeux et leur tirer dessus à de nombreuses reprises.

Pendant plusieurs mois, le gouvernement camerounais avait nié l'implication de ses soldats, mais grâce aux preuves de localisation des ONG et associations de défense des droits humains,les autorités avaient finalement annoncé l'arrestation de sept personnes, « sept militaires, dont un lieutenant », qui sont donc jugées depuis le 27 août dernier.

Vers un dialogue national inclusif

Autre point, cette communication intervient après une élection présidentielle remportée par Paul Biya et contestée par Maurice Kamto et qui ont conduit à la répression aveugle par les forces de l'ordre des manifestants pacifiques et l’interpellation de plus de 200 militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parmi lesquels le Professeur Maurice Kamto, président de ce parti politique de l'opposition.

Le chef de l'Etat du Cameroun est attendu sur ce dossier.

Parler de l'ouverture d'un dialogue signifierait que Paul Biya pourra dans son adresse procéder par "geste de magnanimité" à la libération de toutes les personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone et celles incarcérées dans le cadre de la crise post-électorale. Du pain sur la planche quand on sait que l'on ne peut évoquer une situation d'apaisement et de dialogue sans se pencher sur ces sujets cruciaux. Le message de Paul Biya de ce soir devrait logiquement, entre autres, porter sur les questions d’actualité. La diaspora y sera longuement évoquée dans ce speech.