Malgré une semaine chargée sur fond de rejet de la stratégie de Boris Johnson, l'avenir du Royaume-Uni n'a jamais été aussi proche d'une sortie de l'Union européenne sans accord. En effet, si les élus britanniques tentent de se donner du temps en reportant au 31 janvier la sortie de leur pays, le ton commence doucement à monter chez les partenaires européens. C'est le cas notamment du côté de Paris où le Président français Emmanuel Macron se montre, sans ambiguïté, particulièrement ferme sur une séquence dont il juge qu'elle n'a que trop duré.

Le parlement britannique aurait-il donc préjugé de sa marche de manœuvre sur le dossier du Brexit ? C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre la sortie médiatique de Jean-Yves Le Drian, invité du Grand Rendez-vous dimanche après-midi.

Le très expérimenté ministre des affaires étrangères français a notamment laissé entendre l'opposition de la France à l'idée que le feuilleton puisse se poursuivre au-delà du 31 octobre. Clairement pas dans l'état actuel des choses où les désaccords sont connus, et qu'aucune avancée n'est à envisager.

Boris Johnson en simple clown de service

Elles semblent bien lointaines maintenant les larmes de Theresa May, tant celles-ci ont fait place au désaveu criard de Boris Johnson devant la chambre des communes. Premier ministre depuis six semaines, celui-ci enchaîne les revers devant le parlement britannique, qui semble bien décidé à ne pas couper la corde avec l'UE sans l'obtention d'un accord. À charge au gouvernement de se donner les moyens d'en trouver un avec la Commission européenne, là où celle-ci assure avoir déjà brûlé tout son capital de sympathie en la matière.

Et c'est bien là que réside l'élément auquel les élus de ne semblent pas avoir pensé dans leurs querelles internes, mais avec lequel il vaudra pourtant compter pour éviter l'enlisement. Illustration a ainsi été faite par le locataire du Quai d'Orsay pour qui les conditions ne sont pas réunies pour justifier le report de la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Pour l'ancien socialiste, il faudrait que les Britanniques soient en mesure de dire clairement où ils souhaitent exactement aller, afin de motiver une éventuelle prolongation des négociations.

Le "no deal" au bout du tunnel

Hors de question donc de se lancer dans trois mois de discussions supplémentaires dont on sait qu'ils ne déboucheront sur aucune entente entre Londres et Bruxelles.

C'est en tout cas l'avis que l'on s'est forgé dans la diplomatie française, actant qu'Emmanuel Macron se lasse de montrer en permanence un visage si peu flatteur pour l'organisation européenne. Surtout que le chef de l'État français tente tant bien que mal de tirer la plateforme des 27 vers une image et une place de premier ordre sur la scène internationale.

Autant dire donc que le spectre d'un "no deal" se profile plus que jamais face au Parlement britannique où l'on redoute plus que jamais les effets d'un Brexit dur. Pris au piège entre le manque de courage d'invoquer un nouveau référendum et la frustration du filet de sécurité irlandais, les élus de Westminster pourraient toutefois voir ce scénario aboutir. Une situation à laquelle ils ne semblent toujours pas s'être préparés malgré six premiers mois de prorogation, mais avec laquelle il faudra malheureusement composer dans les semaines qui viennent.